Le Peer to Peer de part en part
« Peer to Peer » et téléchargement se trouvent fréquemment associés. Mais ce n’est
là qu’une partie de la révolution offerte par cette technologie. La mise en commun d’une part même faible des ressources de chacun des ordinateurs connectés au réseau permet de proposer des services comparables à ceux qu’un opérateur offre avec une infrastructure humaine et matérielle dédiée.
C’est ce que l’on se retrouve aujourd’hui avec des applications de téléphonie par Internet voire demain avec des fonctions de transport.
Le Peer To Peer ?
C’est d’abord la possibilité d’un échange direct d’information – typiquement des fichiers – entre deux machines quelconques du réseau. Nous quittons le modèle proche du Minitel où l’utilisateur se connecte à un fournisseur de services : transport, météo, achat en ligne … pour rejoindre le monde du Web 2.0 où chacun offre ses services.
Les informations échangées sont par exemple des fichiers audio ou vidéo.
Centralisé et réparti
Bien entendu, la connexion ne s’établit qu’après identification du « pair ». Les premières versions de Peer To Peer – Napster … – sont construites sur un serveur centralisé dont le rôle est de gérer un index des fichiers disponibles et des machines les hébergeant.
Puis un pas technique a profondément modifié le modèle. Le serveur n’est plus centralisé mais réparti entre les machines qui composent le réseau. Chaque machine héberge un logiciel qui est à même d’assurer des fonctions de routage et de mise en relation entre usagers.
Avantage énorme : l’opérateur n’a plus à gérer une infrastructure propre. La puissance de calcul et de traitement de données repose sur l’ensemble des machines qui constituent le réseau. La couverture est quadruplée ? Pas de problème, la puissance de calcul suit : chaque nouvel entrant apporte ses ressources et l’infrastructure – virtuelle – est de fait également quadruplée. Il y a par
construction toujours équilibre entre le besoin en puissance et la puissance proposée.
La puissance des machines
Ce modèle suppose que chaque utilisateur soit suffisamment pourvu en processeur, mémoire et bande passante.
Sur les deux premiers points, pas de problème. Les capacités disponibles dans les machines sont impressionnantes. Il suffit pour s’en rendre compte de considérer ces nouvelles petites machines qui épargnent nos épaules grâce à un poids plume mais dont l’utilisation exige un doigt précis et la vue
acérée. Le maître mot est alors « petit » : petit poids, petite vitesse de fonctionnement, petite mémoire … La fréquence du processeur est divisée par deux ou trois ; l’espace disque quant à lui est de dix à vingt fois plus faible que la norme. Et pourtant : l’usage quotidien n’en est pas affecté. Certes cet usage quotidien se cantonne ici à la bureautique, à la consultation Internet, à quelques travaux photos et le comportement face à des jeux sophistiqués n’est pas assuré. Quoiqu’il en soit, ne pas chercher à couvrir la totalité du spectre des applications permet un allègement conséquent
du système et du matériel.
Conclusion : la puissance proposée par une machine « classique » n’est que peu sollicitée par une utilisation traditionnelle – bureautique … L’exploitation des ressources inutilisées par les logiciels de Peer To Peer n’en finit pas de m’impressionner.
La bande passante quant à elle a largement tiré profit de la mise en place de l’ADSL. Nous avons là une infrastructure à même d’héberger ces nouvelles fonctions.
Un PC de moins en moins personnel
Fait nouveau : les ordinateurs accueillent maintenant du trafic en transit. Les machines ne sont plus connectées au réseau en « maître / esclave » mais bel et bien comme des parties prenantes et
actives de ce réseau. L’ordinateur personnel qui se caractérisait par un utilisateur unique partage maintenant sa machine avec les autres membres du réseau.
D’où un impératif lié à la confidentialité : les données doivent être chiffrées.
De la musique à la parole
Les créateurs de Kazaa, acteur majeur du Peer To Peer, ont adapté le concept à la voix pour créer Skype. S’il est possible d’échanger des fichiers, pourquoi ne pas utiliser le même mécanisme pour établir des communications de voix entre ordinateurs ?
C’est ainsi que Skype et ses nombreux concurrents offrent des services de téléphonie entre ordinateurs. Les abonnés téléchargent un logiciel et s’enregistrent au niveau d’un serveur central pour pouvoir établir des connexions. Dès lors, la puissance de l’ordinateur mise au service du
réseau de téléphonie est échangée contre la possibilité de se connecter gratuitement aux autres abonnés.
D’où la constatation : le Peer To Peer permet de procurer des services analogues à ceux proposés par les opérateurs services téléphoniques sans avoir à en supporter l’infrastructure humaine et
matérielle.
Peut-on aller plus loin ?
Après avoir rempli des fonctions dignes d’un opérateur de services, le Peer To Peer s’attaque aux opérateurs d’infrastructures. Autrement dit, le but est de fournir les liens entre équipements.
Le Wifi en mode « ad hoc » se prête tout à fait à ce type d’utilisation. Les équipements Wifi sont directement connectés les uns aux autres sans le moindre « Hot Spot ». Ils sont pourvus de
fonctions de routage grâce auxquelles les connexions sont assurées.
La technique s’applique également aux mobiles. La société suédoise TerraNet propose une technologie pour réaliser un réseau maillé de téléphones mobiles distants de moins de 2 km et dotés de fonctions d’acheminement. L’idée est de couvrir des zones en l’absence d’infrastructures ou dont les infrastructures auraient été détruites par un cataclysme. L’interconnexion de petits réseaux ainsi constitués est assurée par quelques PC qui prennent également en charge un accès à Internet pour de la voix sur IP.
Et après ?
Il serait très curieux qu’aucun nouvel usage n’émerge spontanément de la plate-forme constituée par tous ces ordinateurs reliés par du Peer To Peer et qui ne demandent qu’à travailler ensemble.
Quoiqu’il en soit, je laisse ouverte ma machine à tous les trafics. De part en part.
Jacques BAUDRON, société iXTEL
Administrateur Forum Atena
jacques.baudron@ixtel.fr
www.retitools.com