Pour ce mois ci, notre article se focalisera plus sur les aspects « offres FTTH » et sur les aspects réglementaires. Une comparaison entre la France et le reste monde sera également analysée.

Le FTTH démarre à peine en France. En effet, les premières offres à très haut débit sont sorties courant de l’année 2007. Elles ne sont disponibles que dans quelques grandes villes ou quelques arrondissements favorisés de PARIS (le 15 ème et le 16 ème) seulement.

Ces offres sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Les débits « montant » et « descendant » qui différent d’un opérateur à un autre, s’expliquent par des choix technologiques différents au niveau de l’accès :

• Free a choisi du point à point en Ethernet. Une paire de fibre sera dédiée par client
• Orange a choisi du point à multi point en GPON. Une seule fibre mutualisée pour un ensemble de clients donnés.
• 9Telecom a une approche plus pragmatique. 9Telecom a adopté les 2 technologies c’est à dire du point à point en Ethernet pour certaines zones et du point à multi point en GPON pour d’autres zones et suivants les besoins
• Numéricâble déploie de la fibre jusqu’en bas de l’immeuble. Le raccordement avec l’abonné final se fait en câble coaxial (Technologie FTTLa issue du HFC avec la norme Docsis 6)

L’accès, rappelons-le, représente les derniers mètres qui séparent le site client du point de présence de l’opérateur.

La norme EFM (Ethernet in the first mile), normalisée par le groupe IEEE 802.3ah, permet d’interconnecter le LAN au MAN de manière simple et peu coûteuse. Il garde le même format des trames Ethernet, supporte 802.1q et 802.1p, et définit 2 topologies :
• point à point sur cuivre (Ethernet over DSL)
• point à point sur monofibre optique (Ethernet over optical Fiber)

La norme EFM ajoute également des fonctions de gestion et de supervision à Ethernet.

Les technologies Point à multipoints PON est basée sur un réseau de fibre partagé.
Point déterminant pour les opérateurs en quête de profit, l’utilisation de la mono fibre dans les derniers mètres permettra de réduire énormément le coût de construction et de maintenance.
Pour plus d’informations sur cette technologie, nous vous proposons de se reporter à nos précédents Newsletter du Forum ATENA (mois de Février et Mars).

Mais au delà du débat entre les technologues de tout bord, il est plus intéressant de voir le positionnement de la France en matière FTTH par rapport à d’autres pays dans le monde.
Le dernier classement annuel du forum économique mondial et de l’INSEAD classe la France au 21ième rang mondial pour les usages des TIC derrière les pays comme : le Danemark (1er), la Suède (2ième), les USA (4ième), Singapour (5ième), la Corée (9ième), le Japon (19ième)…

Le dernier rapport du FTTH Council, indique le taux de pénétration suivant en matière de fibre par pays. Les chiffres parlent d’eux même :

• Hong Kong : 21% de foyers connectés en fibre
• Corée du Sud : 19.6%
• Japon : 16.3%
• Suède : 7.2%
• Danemark : 2.9%
• Norvège : 2.5%

Prenant acte de l’importance, pour le développement économique, de la diffusion des technologies de l’information, le gouvernement, depuis début 2008, a facilité les modalités le déploiement de la fibre optique jusqu’à chez l’abonné final. Des propositions sont faites en ce sens :

• l’article 24-2 de la loi du 10 juillet 1965 sur les copropriétés, obligera l’assemblée générale des copropriétaires à étudier « toute proposition d’un FAI d’installer la FO à ses frais »
• un nouvel article L38-8-3 obligera les FAI à partager la FO qu’ils auront installée avec d’autres FAI, selon des conditions objectives, transparentes et non discriminatoires
• un nouvel article L33-6 fixera la cadre des convention entre opérateurs et propriétaires d’immeubles. Il sera en effet obligatoire d’y prévoir l’utilisation par d’autres FAI des gaines posées dans les immeubles
• un nouvel article L 111-5-1 prévoit l’obligation de raccordement de tous immeubles de logements neufs en FO

Les collectivités locales ne sont pas de reste depuis quelques années. Elles prennent des initiatives concrètes afin de combler le fossé numérique en s’appuyant sur les possibilités juridiques actuelles pour permettre la construction d’infrastructures télécoms sur leur territoire :

• L’article L.1511-6, qui a offert une réelle possibilité juridique aux collectivités territoriales d’intervenir localement dans les infrastructures télécoms, reste toutefois un dispositif assez restrictif. Ni la collectivité locale ni le gestionnaire d’infrastructures qu’elle désigne ne peuvent commercialiser directement des services télécoms aux particuliers ou aux entreprises. L’infrastructure de télécoms passive ainsi créée est mise à disposition des opérateurs dûment patentés, qui, en retour, commercialisent leurs services auprès de leur clientèle.

• L’article L.1425-1 du code général des collectivités territoriales a, en effet, a été voté le 8 janvier 2004. Ce texte a modifié fondamentalement les dispositions antérieures, puisque les collectivités seraient à présent autorisées à exercer le métier d’opérateur.

Le Conseil Général des Hauts-de-Seine (CG92) a lancé la première délégation de service public de l’après-ADSL auprès groupement Numéricâble / LDcollectivités / Eiffage. D’ici à 2013, CG92 veut amener au pied de tous les immeubles du département une desserte optique ouverte à tous les fournisseurs de services. Le délégataire ne devra installer que des noeuds de raccordement optique (NRO). Ils hébergeront les baies optiques et les équipements actifs, et auront vocation à être interconnectés via le réseau par une boucle de collecte. À partir de ces NRO, le délégataire déploiera des fibres en étoile, point à point et point à multipoint jusqu’à chez l’abonné.

L’investissement se monterait à 422 M€, que le conseil général se propose de couvrir à hauteur de 59 M€. L’objectif est de hisser les Hauts-de-Seine au niveau des grandes métropoles asiatiques, nord-américaines et des régions en pointe en Europe (Italie du Nord, Scandinavie) en matière d’accès au « Très Haut Débit ».

Dans le prochain numéro, nous allons parler de la mutualisation des infrastructures passives pour la FTTH.

Bonne lecture à tous et à toutes.

Rolland Tran Van Lieu
Président de l’atelier FTTH
Forum ATENA