S’il est un sujet complexe et polémique, c’est bien celui du déploiement d’un réseau de téléphonie mobile dit de 5ème génération, d’autant plus que la polémique fait rage. Aussi, selon une méthode classique, nous avons préféré présenter les avantages, selon la thèse des partisans du déploiement, puis les inconvénients, selon les adversaires, et en conclusion, nous établissons un bilan pour les Consommateurs, en montrant ce qui se passe si nous ne choisissons pas cette technologie.


THESE par Univers Freebox

Univers Freebox vous propose un dossier sur la 5G, cette nouvelle génération de téléphonie mobile qui fait tant parler d’elle. Ce que c’est, quelles règles régissent son déploiement, les polémiques autour, les différentes positions des opérateurs… On vous dit tout.

5G, qui es-tu ? La question est sur beaucoup de lèvres alors que les enchères pour l’attribution de ses fréquences se tiendront le 29 septembre prochain. Avant de voir les opérateurs batailler pour obtenir le maximum de fréquences et de se lancer à 100% dans son déploiement, nous vous proposons un retour complet sur cette technologie.

Qu’est-ce que la 5G ?

Avant d’en savoir plus sur ce que représente l’arrivée la 5G en France, il faut bien sûr la définir. Il s’agit de la 5e génération de téléphonie mobile. En toute logique, elle fait suite aux réseaux 1G, 2G, 3G et 4G actuellement utilisés par les quatre opérateurs.

Les premières technologies ne permettaient que les appels vocaux puis l’envoi de SMS. Les générations suivantes de technologies mobiles ont permis de développer de nouveaux usages : se connecter à internet, accéder à des applications, ou encore passer des appels en vidéo. La 5G vise à améliorer ces services existants mais aussi à permettre de nouveaux usages. Elle doit permettre une utilisation mobile avec bien moins de latence et un meilleur débit (1000 fois plus de trafic que les réseaux actuels et dix fois plus rapidement). Grâce à sa nature évolutive, elle est vouée à s’adapter aux changements de standards.

Le réseau 5G dont le déploiement a déjà commencé en France pour tous les opérateurs supporte de nouveaux usages. Pour cela, il se base sur cinq nouvelles technologies. Les ondes millimétriques, c’est-à-dire l’utilisation de bandes-fréquences plus hautes pour désencombrer le réseau et permettre de passer plus de données ainsi que de multiplier les canaux de transmission. Cependant, il y a un hic : ces ondes ne peuvent pas traverser facilement les murs, d’où la nécessité d’un réseau de petites antennes.

En reliant ces petites antennes, par une boucle de fibre optique par exemple, les obstacles bloquant les ondes sont donc évités pour une meilleure transmission de données et une connexion plus stable lors des déplacements.

Une autre technologie sera utile à la 5G : le Massive MIMO, qui permet, grâce à des antennes capables de gérer des centaines de canaux, et de connecter bien plus d’objets en même temps. Et pour éviter que les ondes se perdent, une focalisation doit être opérée pour une meilleure précision et un lien plus solide entre une antenne et un objet spécifique.

Enfin, grâce au Full Duplex, la 5G permettra aux antennes de recevoir et d’émettre en même temps, contrairement à la situation actuelle avec la 4G. Le tout pour permettre un réseau à très faible latence. Et la synergie de ces technologies pour la 5G permettra, entre autres, de développer de nouvelles utilisations du réseau mobile.

Une révolution pour l’industrie et une évolution des usages pour le grand public à partir de 2023

Objets connectés, streaming à très haute vitesse, mais encore bien des usages sont à prévoir et à inventer pour la 5G. Outre un débit bien plus élevé et une latence réduite, la 5G pourrait faire évoluer différents pans de la société. Effectuer une opération chirurgicale à distance, développement de la réalité augmentée pour les entreprises… Tout reste à imaginer, mais les premières répercussions pour l’usage grand public (c’est-à-dire sur smartphones, tablettes, etc.) ne se verront réellement que d’ici environ 3 ans.

En effet, il faut le temps de déployer un réel réseau avec une technologie autonome, ce qui prend du temps. « La première génération de la 5G va s’inscrire dans le prolongement de la 4G. Il n’y aura pas une valeur ajoutée très différenciante pour le grand public. Ça va maintenir opérationnel et pérenniser les usages actuels de la 4G en apportant de la capacité aux opérateurs et en répondant au besoin croissant de data. Donc, c’est positif. Ça va permettre d’éviter la saturation du réseau. » expliquait Bouygues Telecom en 2019.

La 5G Standalone devrait émerger en 2023 avec un cœur de réseau autonome. C’est à ce moment-là que que les usages vont évoluer de manière “révolutionnaire” puisque cette seconde norme « va mettre en œuvre des technologies qui vont faire baisser la latence » notamment par le biais de la technologie edge computing, la 5G fonctionnera alors avec des cœurs de réseau décentralisés, lesquels seront beaucoup plus proches du client. Dans certaines grandes entreprises, le cœur de réseau et les applications seront même carrément dans l’entreprise. Avant un bouleversement des usages, la patience est donc de mise, d’autant que pour en profiter, il faudra bien sûr se munir d’un appareil compatible.

Un premier résultat attendu par les opérateurs : désencombrer le réseau 4G

Le premier intérêt d’un lancement en 2020 est donc de dé-saturer les réseaux existants. Une urgence pour les opérateurs, dont Orange qui estime que sans la 5G, on court à la catastrophe. Son patron, Stéphane Richard, affirme ainsi “que si on ne fait rien aujourd’hui, dans deux, trois ans maximum, on commencera à avoir des vrais problèmes de congestion sur le réseau 4G “ . Il est d’ailleurs rejoint par Xavier Niel qui affirmait dans une interview pour Univers Freebox que les Français “ consomment toujours plus de débit et pour cette consommation supplémentaire, on a besoin de spectre pour avancer, pour déployer”.

En 2020, avec la crise du Coronavirus et le confinement, les besoins en data et la consommation d’internet des Français a bien secoué les réseaux. Et s’ils ont résisté à l’afflux d’utilisateurs, la 5G devrait ainsi soulager et éviter une crise qui semble inéluctable. Là est l’utilité première de la nouvelle génération de téléphonie mobile pour l’instant.

Quand commencera le déploiement de la 5G en France ?

Après de long mois de retard, le rendez-vous est officiellement fixé pour Free, Orange, Bouygues et SFR. Les enchères devaient commencer en avril 2020 pour une commercialisation durant l’été, mais, Coronavirus oblige, le calendrier a dû être revu. Elles commenceront le 29 septembre 2020.

Afin d’activer un nouveau réseau, chaque opérateur doit disposer des fréquences sur lesquelles émettre. C’est ce qui sera mis aux enchères à la fin du mois : un total de 11 blocs de 10 MHz qui seront vendus au plus offrant, avec un prix de départ de 70 millions d’euros pour chacun. Chacun de ces blocs se trouve dans la bande fréquences 3.4-3.8 GHz. À noter que Free, Bouygues, SFR et Orange disposent d’ores et déjà de 50 MHz chacun, qu’ils ont acheté pour 50 millions d’euros chacun.

Vient ensuite une seconde phase d’enchères, cette fois pour déterminer la position de ces blocs sur le spectre disponible. Un moment important donc, puisqu’un positionnement proche de l’extrémité peut entraîner des interférences et gêner la qualité du réseau mobile déployé. Suite à ces deux phases d’enchères qui “dureront le temps que les différents opérateurs concourent et augmentent les prix pour avoir une quantité de fréquences plus ou moins importante , le gendarme des télécoms attribuera, pour une durée de 15 ans, les fréquences à chaque opérateur, en octobre ou début novembre.

Le tout pour un lancement des premières offres 5G avant la fin de l’année 2020, un objectif faisable d’après Orange. D’autant plus qu’avec le retard pris par le Coronavirus, les opérateurs ne sont plus obligés d’avoir déployé la nouvelle technologie dans deux villes avant le 31 décembre. Cependant, le déploiement de la 5G sera bien régulé et le gouvernement et l’Arcep veilleront à ce qu’Orange, Free, SFR et Bouygues tiennent leurs engagements.

Quelles règles doivent suivre les opérateurs pour la déployer ?

Le lancement d’un nouveau réseau mobile ne se fait pas sans contraintes. L’Arcep, qui régule les télécommunications, a ainsi dressé un véritable cahier des charges pour les opérateurs qu’ils devront respecter sous peine de sanctions.

Un déploiement de la 5G en bande 3,4 – 3,8 GHz : Le cahier des charges prévoit d’imposer l’ouverture de la « 5G » dans au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020 puis une trajectoire exigeante pour soutenir les déploiements des équipements en bande 3,4 – 3,8 GHz au cours des années suivantes :

  • 3 000 sites en 2022,
  • 8 000 sites en 2024,
  • 10 500 sites en 2025.

À terme, la totalité des sites devront fournir un service de type 5G, pouvant s’appuyer sur les fréquences de la bande 3,4 – 3,8 GHz ou d’autres bandes.

L’Arcep prévoit également un mécanisme de concomitance pour s’assurer que les zones non urbaines bénéficieront aussi de ces déploiements. Ainsi, 25% des sites en bande 3,4 – 3,8 GHz des deux derniers jalons devront être déployés dans une zone rassemblant les communes des zones peu denses et celles des territoires d’industrie, hors des principales agglomérations.

Une généralisation de la 5G jalonnée par un accroissement des débits : Pour accompagner cette montée en charge, l’Arcep prévoit également de répondre aux besoins croissants de bande passante. Dès 2022, au moins 75% des sites devront bénéficier d’un débit au moins égal à 240 Mbit/s au niveau de chaque site. Cette obligation sera progressivement généralisée à tous les sites jusqu’à 2030.

La couverture d’axes routiers : Les obligations des axes de transport comportent deux grands jalons : en 2025, la couverture des axes de type autoroutier (soit 16 642 km), puis en 2027, la couverture des routes principales (soit 54 913 km). Ces obligations prévoient au moins des débits de 100 Mbit/s au niveau de chaque site.

Des offres de services différenciés (slicing) : Les nouvelles performances de la 5G ouvrent la voie à des usages innovants dans de nombreux secteurs de l’économie comme l’industrie (fabrication de haute précision, suivi logistique d’un très grand nombre d’objets, multiplication des capteurs), la santé (opérations à distance en temps réel), l’automobile (communications ultra-fiables à très faible latence pour les véhicules) ou les médias (réalité virtuelle en 3D à 360°). Ils attendent des réseaux et des offres sur mesure, répondant à leurs besoins spécifiques. Pour cela, l’Arcep demande aux opérateurs d’activer les fonctions les plus innovantes de la 5G – le « slicing » ou la capacité de « services différenciés » – au plus tard en 2023.

La compatibilité avec IPv6 : Par ailleurs, pour accélérer la transition vers le protocole de routage IPv6, l’Arcep prévoit une obligation pour rendre les réseaux mobiles compatibles avec celui-ci.

Des engagements optionnels

Le cahier des charges comprend un ensemble d’engagements optionnels. Au maximum quatre candidats qui auront pris tous les engagements pourront obtenir des blocs de fréquences de 50 MHz :

La 5G au service de la compétitivité des secteurs de l’économie française : Pour préparer la connectivité de demain dans les entreprises, l’Arcep a défini un mécanisme inédit visant à ce que les opérateurs s’engagent à répondre aux demandes raisonnables qui émaneront des acteurs économiques (entreprises, collectivités, administrations…), en leur apportant des offres adaptées avec de la couverture et des performances, voire, si l’opérateur le préfère, en leur confiant localement ses fréquences.

La couverture à l’intérieur des bâtiments : L’Arcep prévoit également des engagements visant à améliorer la couverture à l’intérieur des bâtiments à usages professionnels et commerciaux et à faciliter la couverture multi-opérateurs.

Des offres d’accès fixe : Les engagements concernent aussi la fourniture d’offres spécifiques d’accès fixe sur le réseau mobile.

Une plus grande transparence : Le renforcement de la transparence des opérateurs, à la fois sur leurs prévisions de déploiement et sur leurs pannes fait également partie des engagements.

Innovation et concurrence renforcées : Les engagements portent enfin sur l’accueil des MVNO en 5G sur les réseaux des opérateurs, afin notamment d’encourager l’innovation par tous les acteurs du secteur.

Cependant, certaines règles, tant sur le déploiement qu’au niveau de la mise en place des enchères 5G, ont été critiquées par les opérateurs. La raison réside en un seul problème : le cas de Huawei et ses équipements en France.

Huawei, pomme de discorde entre le gouvernement et les opérateurs

Car pour déployer un nouveau réseau mobile, il faut des antennes, les opérateurs font appel à des équipementiers. Dans le cadre de la 5G, seuls trois ont les épaules pour supporter un chantier aussi important : Nokia, Ericsson et Huawei. Et c’est ce dernier fabricant qui fait débat et met dans l’embarras à la fois le gouvernement et les opérateurs.

Ici réside le noeud du problème : le gouvernement américain soupçonne le fabricant chinois d’espionnage industriel au travers de ses équipements. Il a ainsi incité en 2019 ses alliés à écarter la firme de Shenzhen de leurs réseaux mobiles. Plusieurs pays européens ont purement banni Huawei de leur territoire et n’utilisent plus ses équipements, mais la France a quant à elle suivi un autre chemin. Plutôt qu’interdire, le Gouvernement a choisi de limiter leur utilisation pour les opérateurs.

En décembre 2019, un décret est publié dans le journal officiel, affirmant qu’Orange, Free, Bouygues et SFR devront obtenir des autorisations lors du choix des équipements de leurs réseaux mobiles 5G, auprès de l’ANSSI (agence nationale de la sécurité et des systèmes d’information). Ces autorisations devaient faire l’objet d’un dossier envoyé à l’agence, qui déterminait si Huawei était ou non autorisé dans une zone en particulier.

L’attribution de ces autorisations a pris du retard avec la crise sanitaire, et les opérateurs ont finalement reçu les premières en juin dernier. Entre temps, de nouvelles règles ont été instaurées. Dans le cadre de ce décret, les autorisations délivrées ne sont valables que jusqu’en 2028 et ne sont pas renouvelables. Elles sont également limitées à des zones bien précises, certaines villes excluant directement les équipements chinois du fait d’installations sensibles présentes.

Ces limites ont fait réagir les opérateurs, notamment deux en particulier, qui comptaient sur Huawei pour se lancer sur le terrain de la 5G.

Privés de Huawei, Bouygues Telecom et SFR en mauvaise posture

Dès le début de l’année 2020, les deux concurrents sont montés au créneau contre ce décret, et ne se sont pas arrêtés depuis. Car Bouygues et SFR sont les deux opérateurs utilisant le plus Huawei sur leur réseau actuel, avec près 50% du réseau utilisant l’équipementier.

S’ils tous les deux ont obtenus des autorisations, la limite de durée de validité fait grincer des dents. Non seulement les deux opérateurs devront remplacer leurs antennes Huawei faute de compatibilité, mais ils seront également ralentis dans leur déploiement. Ainsi, depuis l’annonce des enchères, initialement prévues en avril dernier, les deux compagnons d’infortune ont chacun milité pour un report de ces dernières, afin d’avoir plus de temps. Récemment, Bouygues Telecom s’est même attaqué au décret “Anti-Huawei” en saisissant le Conseil d’État. Le secrétaire d’État au Numérique a d’ailleurs récemment affirmé que ces opérateurs ne seront pas dédommagés pour le démontage des antennes du fabricant chinois.

Free a également réagi au sujet de ces autorisations, mais déplore de son côté un souci d’égalité, puisqu’il n’a pas été autorisé à déployer avec Huawei contrairement à ses concurrents.

Free, Orange, Bouygues et SFR : où en sont-ils pour la 5G ?

Au niveau des équipementiers, les opérateurs se divisent en deux catégories : ceux utilisant Huawei, c’est-à-dire Bouygues Telecom et SFR et les autres. En septembre 2019, Free a pour sa part annoncé un partenariat avec Nokia qui équipera donc son futur réseau 5G. L’opérateur historique, pour sa part, a annoncé collaborer lui aussi avec Nokia, mais également avec le troisième équipementier, un autre européen, Ericsson.

Du côté de l’opérateur de Xavier Niel, la position est claire. “On a besoin de la 5G”, affirme le fondateur de Free. Outre la désaturation des réseaux, la 5G est estimée nécessaire pour “l’attractivité de la France” d’un point de vue industriel. Xavier Niel prend l’exemple d’une société asiatique souhaitant par exemple investir en Europe. « Si à ce moment-là, vous avez une carte où tous les pays ont la 5G sauf la France, l’investisseur pourrait se dire la France n’est pas un pays top moderne et ce n’est pas là que je souhaite investir. »

À l’instar des récentes déclarations de Stéphane Richard, PDG d’Orange, il est donc nécessaire selon Free de déployer rapidement un réseau 5G qui fonctionne sur le territoire. « On déploie, on ne fait pas de marketing, on ne fait pas de tests, on n’affiche pas trois antennes pour faire genre dans un coin, notre nature à nous c’est de déployer un réseau et de l’allumer » confie Xavier Niel.

Autrement dit, si Free ne dispose pas d’autant de stations expérimentales que ses rivaux, cela ne l’empêche pas de déployer massivement son réseau, en fibrant la quasi-intégralité de ses sites. Dans l’ombre, sans campagne de communication, chaque chose en son temps.

On le sait la 5G, apportera réellement une augmentation en matière de débit chez le grand public seulement à partir de 2023 quand cette technologie fonctionnera de manière autonome sur un coeur de réseau 5G. Pour Xavier Niel, « la plus grosse révolution sur la 5G, ce sera de rajouter des fréquences supplémentaires et d’en obtenir, c’est l’appel d’offres du mois de septembre pour la bande 3,5 GHz. Donc après oui, on fera de la 5G en 1800 MHz et 700 MHz si on a du spectre disponible ». Pour autant, il ne faut pas l’oublier, « le vrai spectre pour faire de la 5G c’est le 3,5 GHz », poursuit le fondateur de Free qui n’exclut donc pas d’utiliser des fréquences 4G pour la nouvelle génération de téléphonie mobile.

Une cohabitation qui techniquement commence à montrer le bout de son nez. Début mai, Univers Freebox vous a révélé la volonté de l’opérateur d’installer la toute nouvelle gamme de stations de base de son équipementier Nokia connue sous le nom d’AirScale – qui permet à la fois de capitaliser sur la nouvelle génération des réseaux 5G et de supporter la 4G/LTE sur une même infrastructure radio. Enfin, on le sait, les fréquences comme la 700 MHz feront l’objet d’une harmonisation à l’avenir, puisqu’il s’agit pour l’Europe des bandes qui devraient permettre l’explosion de la 5G.

Une aubaine pour Free qui déploie à tour de bras cette fréquence, a contrario de ses rivaux. De quoi couvrir plus rapidement le territoire en 5G, avec des débits certes plus faibles et un spectre plus limité sur la 4G. Ce qui rebute certains opérateurs.

Pour SFR, qui a “fait le choix ” de déployer la 5G sur la bande de fréquence 3.5, l’utilisation d’une bande fréquence plus basse doit être clairement indiquée pour les consommateurs. Gregory Rabuel prévenait alors ” moi ce que je souhaite, et on en rediscutera avec les pouvoirs publics, (c’est qu’il) y ait bien une clarification entre c’est quoi la vraie 5G qui apporte une valeur ajoutée. Et puis c’est quoi entre guillemets la fausse 5G qui pourrait, elle, être juste finalement un effet d’affichage et de marketing. Dans ce cas-là, il ne faut pas mentir aux Français”. Une position que rejoint d’ailleurs Orange.

A contrario de Free, ses concurrents ont également lancé de nombreuses stations expérimentales pour la 5G. Ils se sont livré bataille en 2018 pour déployer le plus de sites. Orange a largement pris les devants depuis, étant l’opérateur ayant déployé le plus grand nombre de sites.

Pour donner une idée de l’écart entre les opérateurs, au premier septembre 2020, Orange avait déployé 353 sites sur 483 en métropole d’après l’ANFR. Bouygues Telecom, second du classement, en comptait 67. SFR lui possède 54 sites et Free, qui ne cherche pas vraiment à suivre ses concurrents dans la course, en possédait 9.

À quoi ressembleront les offres 5G ?

Pour l’instant, faute de réseau, aucune offre spécifique à la 5G n’a été lancée par Orange, Bouygues, Free et SFR. Mais plusieurs opérateurs se sont déjà exprimés sur leurs futures propositions sur le marché.

Bouygues et Orange ont affirmé qu’il faudrait compter sur “un prix attractif“, mais légèrement plus cher que les offres 4G actuelles. ” Pour écouler les données dans le réseau, cela ne se fait pas tout seul, il faut investir considérablement pour absorber ce trafic, notamment aujourd’hui dans la 5G. Donc quand les forfaits deviennent de plus en plus complets en termes de gigas et de services, il n’est pas absurde d’imaginer que les prix vont s’ajuster à la marge, peut-être de quelques euros, pour pouvoir faire en sorte qu’on puisse écouler ce trafic data et apporter de nouveaux services” expliquait Bouygues Telecom avant l’été 2020, qui devait initialement marquer le lancement des dites offres. Leur prix pourrait cependant varier, affirmait Stéphane Richard il y a quelques mois : « les acquisitions de fréquences, ce sont des raisonnements économiques sur 20 ans et ce n’est pas cela qui va nous amener à fixer un prix d’offre dès cette année ».

Les opérateurs abordent le sujet de différentes manières

Qui dit nouvelle technologie, dit nouvelle promotion. Chaque opérateur communique à sa manière sur la 5G. Tous se sont déclarés prêts pour ce nouveau challenge au fil des derniers mois, peu importe leurs problèmes. Du côté de Free, c’est plutôt un silence radio total, en logique avec les déclarations de Xavier Niel citées plus haut, préférant déployer dans l’ombre. D’autres opérateurs cependant, se sont précipités sur le sujet pour faire leur pub et se sont livrés depuis 2018 une véritable bataille de communication.

SFR a ainsi mis en avant être le premier opérateur à proposer des smartphones 5G à la vente, certes, mais sans le réseau qui va avec. Depuis, tous les opérateurs ont emboîté le pas. Il a également été le premier à promouvoir son réseau 5G, qui est pourtant encore inactif (et dont le déploiement pourrait être ralenti dû au cas Huawei) et sans avoir acquis aucune fréquence. C’est notamment le cas avec des tests de la 5G réalisés en public, en conditions d’utilisation réelles.

Autre lubie, Bouygues Telecom quant à lui a lancé ses forfaits “5G Ready”, alors qu’il n’est pas forcément le mieux placé pour le déploiement de cette nouvelle génération de téléphonie mobile à l’égard de sa situation vis-à-vis de Huawei. Une proposition qu’avait d’ailleurs critiquée l’UFC-Que Choisir, la jugeant sans intérêt. Des tests grandeur nature sont aussi en cours dans diverses grandes villes en France.


ANTITHÈSE par GreenIT.fr

5G : quels seront les impacts environnementaux ?

[article mis à jour le 13 juillet 2020 à 18:27]

Le déploiement de la 5G est un sujet chaud dans l’actualité. Débats, controverses, fake news, arguments plus ou moins sérieux : tout le monde s’en donne à cœur joie. L’occasion de faire un point rapide pour vous briefer sur les impacts environnementaux de la 5G.

Qu’est ce que la 5G ?

Commençons par rappeler que la 5G est la 5ème génération (5G) de technologie de transmission de données numériques par onde électromagnétique.

Les longueurs d’onde utilisées seront 3,6 GHz pour commencer, puis autour de 26 GHz d’ici quelques années.

Ces ondes « millimétriques » ont une faible portée, notamment en zone dense, qui se compte en centaines de mètres (5G) contre plusieurs kilomètres pour la 2G. Pour couvrir la même surface, il faudra donc nettement plus d’antennes (les fameuses cellules des RBS pour les spécialistes).

La 5G promet 10 à 100 fois plus de débit que la 4G, 10 fois moins de latence (quelques millisecondes contre quelques dizaines de millisecondes pour la 4G), et une plus forte densité d’appareils connectés (jusqu’à 1 million par km2). C’est donc une technologie idéale pour les objets connectés, le streaming vidéo HD dans le TGV et les jeux vidéo en streaming.

Moins de consommation électrique ne signifie pas moins d’impacts environnementaux

Le principal argument environnemental pour justifier le déploiement de la 5G est qu’elle consomme moins d’électricité.

L’électricité n’est pas un indicateur environnemental. On peut avoir peu d’impacts environnementaux en consommant beaucoup d’électricité (3G) si elle est produite à partir d’une énergie primaire peu impactante (barrage sur un fleuve par exemple). Inversement, on peut avoir beaucoup d’impacts environnementaux en consommant peu d’électricité (5G) si elle est produite à partir d’une source impactante (charbon pour les émissions de GES ou photovoltaïque pour l’épuisement des ressources abiotiques par exemple).

Si la réduction de la consommation électrique est intéressante, elle ne se suffit pas à elle-même et ne témoigne pas de gains environnementaux.

Moins de consommation électrique en valeur relative mais plus en valeur absolue

Les « pro » 5G affirment que cette cinquième génération de technologie de transmission de données par onde radio consommera moins d’électricité. C’est vrai. En valeur relative, une cellule 5G consomme moins d’électricité.

Mais comme il faudra plus de cellules pour couvrir la même surface, cela annihile les gains en valeur relative. En effet, plus une fréquence radio est élevée et moins elle porte loin, donc plus il faut d’antennes pour couvrir la même surface.

Sans compter sur l’effet rebond qui va se traduire par une augmentation très significative de la consommation électrique globale (lire plus bas).

Obsolescence programmée

La généralisation de la 5G se traduira inévitablement par le raccourcissement de la durée de vie des smartphones 2G / 3G et 4G. Des dizaines de millions d’utilisateurs en France, et des milliards dans le monde, se laisseront tenter par un « smartphone 5G à 1 euros contre réengagement 24 mois ». C’est un fait qui se confirme à chaque nouveau saut technologique : TNT vers TNT HD, 2G vers 3G, 3G vers 4G, ADSL vers fibre, TV HD vers 4K, etc.

La 5G va donc contribuer à déclencher l’obsolescence prématurée de dizaines de millions de smartphones, juste pour la France.

Effet rebond

La 5G est un enabler . Associé au protocole IPv6, cette technologie rend possible le déploiement massif de dizaines de milliards d’objets connectés. La 5G contribue donc, indirectement mais sûrement, à l’augmentation considérable de notre empreinte numérique.

Pour rappel, au rythme actuel et du fait de leur nombre, selon notre étude EENM, les objets connectés seront la principale source d’impacts environnementaux liés au numérique en 2025 à l’échelle mondiale.

La 5G permet également de vendre de nouveaux usages multimédia en situation de mobilité qui n’existaient pas avant ou n’étaient pas possibles : vidéo HD en streaming, jeu vidéo en streaming, etc.

Via un design addictif, ces centaines de milliards de nouvelles heures d’utilisation deviendront de nouveaux besoins incontournables pour toute une génération.

Rajouter des dizaines ou des centaines de milliards d’heures d’usages numériques supplémentaire ne peut qu’ajouter une masse considérable d’impacts environnementaux.

La 5G pour remplacer les réseaux filaires

Même si l’industrie s’en défend, on peut se poser la question de la cannibalisation des réseaux filaires – DSL, câble et fibre – par le réseau par ondes radios, donc la 5G. Quel intérêt pour un opérateur de creuser des tranchées dans toutes la France alors qu’il suffit de déposer des antennes sur des toits pour apporter partout, et même dans les zones blanches, plus de débit qu’en ADSL ?

Il y a fort à parier qu’à terme, les opérateurs pousseront fortement leurs clients à opter pour des forfait 5G couvrant les usages « à la maison ». Il faudrait alors chiffrer précisément les impacts évités par la suppression du réseau filaire sur la boucle locale et ceux ajoutés par la multiplication des antennes 5G.

En l’état actuel de nos connaissances, le coût environnemental de la 4G est jusqu’à 20 fois plus élevé que celui de l’ADSL ou de la fibre.

Écoconcevoir pour éviter la 5G

D’un point de vue technique, hors usages multimédia et objets connectés, le déploiement de la 5G ne se justifie pas.

D’une part la 4G répond aux attentes des utilisateurs en terme de débit pour les usages numériques de la vie courante.

D’autre part, pour les usages numériques courants, la 5G est à une fuite en avant qui se justifie uniquement parce que nous n’écoconcevons pas nos services numériques. Cela revient exactement au même que de construire de nouvelles autoroutes sur lesquelles on continue à rouler seul dans des voitures 5 places. L’enjeu, c’est de remplir les voitures, pas de fabriquer de nouvelles autoroutes…

L’écoconception des services numériques réduit considérablement le besoin en bande passante pour réaliser chacun de nos usages numériques. Des retours d’expérience concrets montrent qu’en écoconcevant un site web, on peut adresser jusqu’à 1000 fois plus d’utilisateurs avec la 4G actuelle. Autrement dit, l’écoconception permet de faire passer 1000 fois plus d’usages numériques dans les tuyaux existants.

Plutôt que de déployer une nouvelle technologie à l’échelle de la planète, il est donc urgent de mieux concevoir et réaliser les services numériques connectés. Et de se poser la question : « le numérique pour quoi faire ? ». Car rappelons nous que cette ressources s’épuise inéluctablement et à grande vitesse.

Pour aller plus loin dans votre réflexion, vous pouvez consulter cette controverse de la 5G.


Synthèse

Et le Consommateur dans tout cela ? Et bien reprenons les arguments, et voyons ce qui est une avancée, et ce qui ne l’est pas.

L’augmentation du débit, la diminution du temps de latence

D’ici à 2023, peu de résultats à espérer de ce côté. En effet, les déploiements prévus durant cette période se feront sur les bandes de fréquences utilisées par la 5G ne permettrons pas d’augmentation significative du débit, et les Consommateurs qui auront investi dans des terminaux et un abonnement 5G en tireront peu ou pas de bénéfice, si ce n’est un éventuel effet d’affichage (« j’ai la 5G et toi ? »), alors que ce ne sera que de la pseudo 5G.

A partir de 2023, et le déploiement de la bande des 3,5 GHz, la situation pourra changer en faveur de la 5G ; sauf que “Cependant, il y a un hic : les ondes de 3,5 et 26 GHz ne peuvent pas traverser facilement les murs, d’où la nécessité d’un réseau de petites antennes. En reliant ces petites antennes, par une boucle de fibre optique par exemple, les obstacles bloquant les ondes sont donc évités pour une meilleure transmission de données et une connexion plus stable lors des déplacements.”

Autant utiliser directement le support Fibre Optique ou cuivre (Ethernet à 10 Gbits/s), car l‘air comme support des ondes radio est un très mauvais support, contrairement au câble:

– il est perturbé par les éruptions solaires, les ondes voisines, les harmoniques,

– il perturbe les cellules vivantes, les autres équipements voisins,

-Les règles de la physique sont malheureusement implacables ; la consommation d’un signal radio est 10 X supérieure à celle d’une FO ou d’un cuivre, et la performance, à technologie équivalente, est 10 X moindre…

Cerise sur le gâteau, tout le monde en profite autour : comment fait-on avec la confidentialité ?

Éviter la saturation du réseau 4G

C’est évidemment le problème d’une publicité mal faite, où l’on « oublie » de dire au client que les communications à très haut débit doivent se faire prioritairement sur les réseaux filaires, plutôt que sur les réseaux radio.

Comme l’a évoqué Éric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, elle permet de « regarder des films pornos en haute définition dans l’ascenseur ».

Cette saturation peut donc être évitée, par un bon usage de la 4G.

Les objets connectés, avons-nous déjà oublié la 0G ?

Des réseaux spécialisés et très performants ont été conçus (Made in France!) pour ces objets connectés. Leurs concepteurs ont signé des contrats pour pouvoir les utiliser sur presque toute la planète : réseau 0G pour la société toulousaine SIGFOX et réseau LoRa pour la société grenobloise filiale de SEMTECH par exemple, et ils le font très bien. D’autres réseaux concurrents existent aussi dans cette catégorie.

En ce qui concerne le nombre d’objets connectés, les prévisionnistes se sont complètement trompés sur le volume de ce déploiement ; le cabinet de veille économique américain GARTNER avait annoncé en 2015 que plus de 20 milliards d’objets connectés seraient connectés en 2020. Or, au dernier recensement, ils étaient un peu plus d’un milliard…

Qu’apporte la 5G à ces objets connectés ? Les objets connectés ont pour caractéristique de générer très peu de données ; en d’autres termes, ils nécessitent du très bas débit, tout le contraire de ce pour quoi la 5G a été conçue. Il s’agit donc d’utiliser un marteau-pilon pour écraser une mouche.

Il n’y a pas donc besoin des réseaux 5G pour relier les objets communicants, les réseaux 0G et LoRa sont déjà présents, et ils le font très bien.

Un réseau « green », vraiment ?

Sur ce sujet, les explications ont été données dans l’antithèse, ci-dessus. Ce qui reste de loin le plus préoccupant pour le Consommateur, c’est de devoir encore une fois jeter son smartphone existant, pour en racheter un nouveau, plus chic et plus cher. La Planète ne nous dit pas merci.

Les réseaux stratégiques

Les réseaux stratégiques (police, pompiers, protection civile, ferroviaire…) utilisent le réseau TETRAPOL et son dérivé RUBIS. Ce premier réseau numérique date des années 1980-1990. Il est aujourd’hui en plein changement de génération. Et là, c’est décidé, pour des questions de résilience, c’est la 4G qui a été retenue pour les 20 ou 30 prochaines années…

La 5G grande créatrice d’emplois en France ?

Non malheureusement. Depuis que M. Serge TCHURUK a détruit et démantelé le fleuron mondial ALCATEL, il n’y a pas de fabrication d’équipements français de matériel 5G. L’Asie est le principal pourvoyeur. Ce déploiement créera, comme tout nouveau service, quelques centaines d’emplois, mais il va fortement déséquilibrer nos importations, et donc la balance commerciale de l’économie française.

Même si l’État veut ramasser quelques milliards d’Euros en louant les bandes de fréquences aux enchères publiques, et en collectant des taxes sur les équipements commercialisés, c’est donc un très mauvais choix économique pour notre industrie.

D’ailleurs, les start-up européennes qui veulent se positionner, travaillent aujourd’hui sur la futur 6G.

Les questions de santé

L’OMS a classé les champs électromagnétiques produits par les téléphones portables dans la catégorie des cancérogènes possibles pour l’homme.

En effet, chaque cellule vivante, fonctionne comme un oscillateur radio, avec sa fréquence spécifique. Nos cellules sont-elles insensibles aux rayonnements électromagnétiques ? Non bien sûr, car depuis près de cent ans, des traitements médicaux existent à partir de champs électromagnétiques et d’émissions radio spécifiques. Alors, les ondes de très hautes fréquences seraient toutes bonnes pour la santé ?

Nous pouvons d’ailleurs noter une progression du nombre de cancer parallèle à la saturation des champs électromagnétiques dans notre environnement. La corrélation n’est bien entendu pas démontrée…

En ce qui concerne le déploiement futur dans la bande des 26 GHz, là nous sommes en terre totalement inconnue. Aucune grande étude sérieuse n’a été menée sur ce sujet.

La cybersécurité

C’est un sujet délibérément « oublié » dans les articles. Pourtant, l’embargo États-uniens imposé à la société Huawei devrait nous mettre « la puce à l’oreille » ! Les Américains craignent la fin du monopole des GAFAM, et donc qu’ils ne soient plus les seuls à avoir le monopole de l’espionnage avec la NSA.

D’ailleurs, ils n’ont pas ce monopole, car le vers est dans le fruit. A l’exception de quelque constructeur européen, tous les développements se font autour des protocoles IP V6, dont les failles sont tellement nombreuses que les pirates d’état ou privés vont se régaler de nos données.

Il nous faut donc rappeler que les protocoles TCP et IP, crées dans les années 1970, sont obsolètes, car ils n’ont pas été conçus pour les usages actuels. Ils peuvent être remplacés par des protocoles récursifs et « étanches » tels que les protocoles RINA, mais la charrue a été mise avant les bœufs lorsque cette technique a été développée.

En conclusion

Le déploiement d’un réseau de téléphonie mobile dit de 5ème génération peut profiter à quelques entreprises, qui ne veulent pas, ou qui n’ont pas les moyens d’étudier des solutions de très haut débit et de faible latence adaptées à leurs besoins. Il va également enrichir les Opérateurs Télécom, ainsi que de nombreux avocats qui s’occuperont de traiter les contentieux en justice.

En ce qui concerne les Consommateurs, à part l’effet de mode, les bénéfices à en espérer d’ici 2023 sont nuls. On peut donc se féliciter des prises de position des nouveaux Élus (Rennes , Bordeaux, Nantes, Tours…) qui demandent un report du déploiement en attendant de vérifier sur des villes « cobayes » les avantages et les inconvénients.

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Article publié dans la Newsletter Forum ATENA n°128 (sept.oct. 2020)