L’IDENTITE NUMERIQUE QUEL ECOSYSTEME POUR DEMAIN ?
La conférence « Identité Numérique : Quel écosystème pour demain ? » a réuni le vendredi 4 Novembre dernier sur Paris plus de cent cinquante personnes sur les sujets liés à l’identité numérique : écosystèmes, programmes, émergence des usages… Ont été abordés notamment les thèmes suivants :
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Comment se construisent les écosystèmes de l’identité numérique ?
> L’intervention de M. Vincent Barnaud de la société Orange
Convaincue de l’importance du sujet de l’Identité Numérique, l’Association de l’Economie Numérique (ACSEL) a créée une Commission spécifique sur ce sujet. Un des premiers projets de recherche et développement dans ce domaine a été FC2 un projet conclu en Juin 2010 qui a permis d’éprouver la maîtrise des technologies de l’Identification Numérique, Innover sur des parcours clients Web ou Mobiles et tester ou comprendre des usages pertinents comme la location de voiture ou le portefeuille numérique.
Aujourd’hui fort de ce premier retour d’expérience, l’ACSEL participe à de nombreux chantiers sectoriels favorisant la convergence, la pédagogie, et la concertation dans ce domaine. Trois exemples illustrent cette action : La première c’est la réalisation et le suivi avec la Caisse des Dépôts d’un Baromètre de la confiance des Français dans le Numérique, permettant de mesurer la perception des consommateurs par rapport à l’évolution des usages de l’e-administration, du commerce électronique, de la banque à distance ou des réseaux sociaux.
Un deuxième exemple c’est le partenariat très important dans l’e-administration réalisé avec la DGME et porteur de nombreuses innovations d’usages futurs autour de l’Identité Numérique.
Le troisième enfin c’est la gestion des identités numériques dans le monde des entreprises. Ce projet baptisé RINE propose des niveaux différenciés d’Identité Numérique afin d’être utilisés dans la relation interentreprises.
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> L’intervention de M. Fabrice Mattatia, CDC Caisse des Dépôts
La croissance des usages des téléphones mobiles et de l’Internet, associé à la complexité de la gestion des mots de passe et au coût des systèmes d’authentification propriétaires sont des facteurs qui plaident pour une solution grand public de l’Identité Numérique et de dématérialisation de la signature, de l’authentification et du consentement…
Si on regarde les systèmes existants de l’Identité Numérique ou de dématérialisation on observe que ces systèmes fonctionnent soit à partir d’une carte d’identité électronique d’origine régalienne basée sur une puce, soit à partir d’un émetteur privé ou public utilisant soit un support carte ou un autre dispositif comme une clef USB ou un téléphone mobile.
Les exemples se multiplient dans le pays voisins pour les deux types de supports. En France, le projet de l’Identité Numérique est toujours en débat avec un questionnement sur la convergence entre la carte (CNIE) et la clef et sur l’architecture de contrôle centralisée ou non.
Le rôle de la CDC est de s’impliquer entre secteur privé et public pour impulser des premiers niveaux de concrétisation. Le label « Idenum », conçu comme porteur d’une identité simple et multi supports, apparaît comme complémentaire de la CNIE, afin de remplacer ou de compléter le couple Login/ MP, notamment lors de la connexion des sites web et afin de pouvoir s’authentifier et signer en ligne.
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> L’intervention de M. le préfet Bertrand Maréchaux, directeur de l’ANTS
La carte d’identité électronique française devrait être construite autour de deux puces : Une puce sans contact comme pour le passeport qui contiendrait deux empreintes digitales (d’après les récentes orientations du conseil d’état) et un puce service pour l’univers marchand ou à caractère local voir social. Sur le plan du contrôle du titulaire par l’Etat celui-ci pourra se faire par rapport aux données biométriques de la première puce ainsi que par la photo.
C’est un sujet de pleine actualité puisque le projet de loi sur la protection de l’Identité qui porte sa concrétisation est en deuxième lecture au Sénat.
Sa mise en œuvre butte en ce moment sur une discussion sur la nature du lien entre l’état civil du titulaire et ses empreintes digitales. Ce lien pourrait être fort c’est-à-dire permettre une authentification certaine ou au contraire faible ce qui ne permettrait pas une authentification positive au sens ou elle ne pourrait avoir un caractère certain.
Pour autant le rôle de la CNIE en tant que support de l’Identité Numérique pourrait être utile voir fondamental puisqu’il permettra pour les personnes physiques d’établir « un lien technologique entre une identité physique et une identité virtuelle ». Dans ce cadre, l’Etat fournirait une garantie pour les e-services en certifiant la carte et la puce, en permettant sa révocation en cas de déclaration de Perte ou Vol et enfin en gardant par le code PIN un accès utilisable en principe uniquement par son titulaire.
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Le développement d’une identité numérique moderne est importante, elle l’est pour créer de nouveaux services à valeur ajoutée, pour faciliter l’accès à l’administration ainsi que pour augmenter la sécurité des citoyens.
A ce titre, il convient de revenir sur le débat en cours depuis 2002 sur l’identité numérique. A l’occasion du rejet par le sénat du projet d’un mécanisme de contrôle univoque de l’identité par rapport à une base centrale, une disposition importante de ce projet, on voit que celui-ci n’est toujours pas tranché. Aussi peut-on rappeler ce qui semble constituer les fondements de cette discussion parlementaire, à savoir d’un coté ce qui concerne la sauvegarde de la vie privée et la protection des données et de l’autre ce qui a trait à la lutte contre les fraudes, la prévention contre la délinquance, l’usurpation d’identité et la sécurité contre le crime organisé et le terrorisme.
Pour la protection des données, la note d’observation de la CNIL, rappelle que les données biométriques sont sensibles et que leur traitement se doit d’être encadré par la loi notamment sur la finalité et la proportionnalité. En fait elles le sont déjà dans le passeport électronique. Ici la question est la conservation en base centrale de ces informations biométriques. A l’origine prévue sur 8 empreintes digitales et maintenant sur 2 empreintes. La CNIL attire particulièrement l’attention sur la fiabilisation des données sources (délivrance de l’état civil, par exemple des extraits de naissance) qui font également parti de la protection d’identité et de l’encadrement des conditions de traitement et d’usage de la base ainsi constituée.
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> L’intervention de M. Patrice Sambou de la société Trust Mission
Les objectifs de ce projet de réflexion européen consistent à envisager les caractéristiques et les conséquences de l’interaction entre la libéralisation des échanges et l’identité numérique. SSEDIC (qui peut être traduit par le « cadrage d’une communauté numérique unique en Europe »), peut être à ce titre considéré comme le pendant européen du projet US d’écosystème NSTIC (National Strategy for Trusted Identities in Cyberspace) et d’autres projets dans le monde. Il est en continuité avec le projet STORK qui se termine l’année prochaine.
Concrètement les participants du programme SSEDIC élaborent et partagent des études visant à définir les business modèles, les systèmes de régulation et de gouvernance, les degrés d’interopérabilité des technologies, afin de permettre dans les différents domaines de structurer une démarche commune au niveau européen.
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> L’intervention de M. Jean François La Manna directeur de Projet "Relation industrielles et internationales» de l’ANTS et de M. Augustin de Miscault de la société Cassidian
Avec déjà plus d’une trentaine de millions de cartes d’identité électronique en fonctionnement en Europe et bien plus dans les prochaines années, Stork vise à étudier comment rendre interopérables certaines applications de l’Identité numérique entre un Etat Européen et un autre.
Comme son nom l’indique (Secure Identity Accross Border Linked) « STORK » établit donc un lien grâce à une infrastructure de serveurs intermédiaires (PEPS- Pan European Proxy Services), permettant de connecter des infrastructures nationales et de relayer des authentifications ou d’autres attributs de l’identité numérique. Rappelons que l’objectif de « STORK » n’est pas de construire un système supranational mais plutôt de garantir des interfaces qui fonctionnent entre les états.
A terme, l’objectif de Stork est de présenter les conditions d’une interopérabilité européenne entre l’ensemble des systèmes nationaux d’identification numérique en Europe.
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Les pilotes ont permis d’explorer certains usages comme l’inscription par un étudiant à une université sur un autre état membre, ou de l’e-administration transfrontalière. En tout six pilotes ont été créés allant de la gestion du changement d’adresse jusqu’à l’accès aux services électroniques de la Commission Européenne bases sur des cartes d’identité électroniques.
Il est important de souligner que STORK n’agissant que comme système d’interconnections, chaque système national maintient ses propres spécificités nationales, y compris ses approches historiques et culturelles.
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> L’intervention de M. Laurent Bernat de l’OCDE
Déjà en 2007, l’OCDE s’interrogeait sur l’importance de l’identité numérique dans le développement de l’économie et d’Internet. En 2008, l’OCDE a publié un guide, afin de faciliter la compréhension de cette question par les décideurs politiques, puis en 2010 l’OCDE a réalisé une étude comparative des stratégies de 18 pays membres. L’OCDE est sur le point de publier un document de synthèse accompagné d’orientations pour les politiques publiques dans ce domaine.
Le premier constat est qu’aujourd’hui, même si il existe un potentiel important en matière d’innovation pour des services numériques à forte valeur nécessitant une authentification forte et donc des solutions avancées d’identité numérique, les forces du marché ne suffisent pas pour leur émergence. En conséquence on observe que les gouvernements sont amenés à intervenir sous la forme de stratégies et politiques nationales. Pour autant, sauront-ils intervenir efficacement tout en préservant le dynamisme du secteur de l’économie Internet?
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Cette table ronde à permis de répondre à de nombreuses questions sur la première partie de la conférence consacrée aux Ecosystèmes en construction. On retiendra aussi les nombreuses remarques formulées par les uns et les autres, sur la nécessite de commencer des déploiements significatifs, sans nécessairement attendre d’avoir conçu la solution idéale, parfaite et sans faille, tout en permettant d’intégrer autant que possible, les leçons d’une courbe d’apprentissage nécessaire.
Identité numérique et Société
>L’intervention de M. Olivier Iteanu, Avocat et Chargé d’enseignement à l’Université Paris I Sorbonne et auteur de « l’identité numérique en questions » (Ed. Eyrolles)
Au regard de l’ensemble des modifications qui sont apportées depuis une dizaine d’années aux règles juridiques, il convient de s’interroger sur la nécessité de créer toujours d’avantages de spécificités dans le droit appliqué aux communications électroniques? La question de la responsabilité des fournisseurs de communication électronique l’illustre très bien ce principe puisque on ne voit pas pourquoi seuls les opérateurs déclarés à l’ARCEP seraient concernés par des mesures visant les contenus et leur accès. Quant à l’idée d’une identité unique, elle ne semble pas correspondre à la réalité des internautes, particulièrement les jeunes générations. Le droit à l’anonymat dans nombre de situation, et pour le moins à plusieurs identités paraît plus adapté. Il faut d’ailleurs s’attendre sur ce segment de la population au succès possible de l’utilisation en fédération (SSO- Single Sign On) des identifiants numériques existants sur les réseaux sociaux. « Facebook Connect» en est un exemple.
Enfin, notons que pour les entreprises la question de l’identification numérique semble importante pour accroître la modernisation des échanges tant vis-à-vis de l’administration, des institutions financières que pour favoriser les échanges et transactions entre ces mêmes entreprises.
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>L’intervention de Mme Nathalie Schlang de la société Certeurope
Le rôle des certificats dans les échanges entre professionnels connaît dès aujourd’hui de nombreux exemples. Ils sont utilisés comme système d’identification et d’authentification pour accéder aux systèmes d’information mais aussi pour assurer l’intégrité d’un document ou le consentement d’une personne via la signature électronique. Parmi les utilisations déjà répandues, on peut citer en premier lieu les professionnels de la justice. Commençons par les avocats, près d’un sur deux accède à ces données de façon sécurisée en utilisant une identification électronique. Cette profession, qui a besoin d’une forte sécurité et confidentialité, fait bien la preuve de l’opérationnalité de solutions technique. On peut citer également les greffiers des tribunaux de commerce, les experts judiciaires, les huissiers sans oublier les magistrats.
Regardons des exemples dans d’autres domaines professionnels. Par exemple les garagistes et la problématique des immatriculations des véhicules en ligne, très bien résolue aujourd’hui avec l’aide de certificat électronique pour les professionnels.
On peut évoquer aussi, de façon plus générale, les déclarations de TVA, et, les dépôts de marques, la signature de contrats de plus en plus par voie électronique, avec l’aide de certificat électronique. D’autres exemples existent également pour les professionnels des banques, de l’immobilier, et du bâtiment. Des exemples d’utilisation de certificats numériques qui devraient se multiplier dans les années à venir.
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L’identité numérique est un marché émergent mais encore immature dans lequel il faut distinguer les besoins d’identification légale, d’authentification et de signature. La carte SIM du téléphone sert déjà d’élément de sécurité pour valider une transaction (avec un code à usage unique envoyé par SMS par exemple) et pourrait constituer un support d’avenir pour des services d’authentification plus sûrs (vu du fournisseur de service) et plus ergonomiques (vu de l’utilisateur). Par rapport à d’autres dispositifs, l’authentification via la carte SIM fonctionne en effet indépendamment de l’équipement sur lequel la transaction s’effectue (PC, mobile, TV, tablette…) et ne nécessite aucun équipement supplémentaire pour le client. Pour Orange, les enjeux se situent à la fois en B to B pour accompagner ses clients grands comptes dans la gestion de leurs certificats et en B to B to C pour l’hébergement de leur certificat dans ses cartes SIM, d’autant que le déploiement massif des technologies NFC en assurent la complète sécurisation. L’émission de certificats par Orange suite au contrôle de l’identité de nos clients lors de l’ouverture de leur ligne est envisageable à plus long terme, une fois l’écosystème en place !
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C’est une approche résolument Internet et américaine d’ampleur globale de l’Identité Numérique que Paypal souhaite nous faire toucher du doigt. Alors que dans le monde physique, l’anonymat est très souvent la règle pour les transactions courantes, sur Internet, il faut sans cesse décliner son identité, dans des formats souvent variables, et selon des profils qui eux aussi varient.
Les cultures des différents pays interviennent également, comme les contextes de consommation, ainsi que les lieux et la nature des achats. Les critères de simplicité et du contrôle des données sont donc importants. Si on regarde un ensemble de grandes marques multinationales de l’Internet ou des opérateurs téléphoniques, ils sont susceptibles d’apporter des solutions d’identité numérique. Mais l’identification est peu de choses sans un niveau de confiance.
C’est pourquoi Paypal propose d’enrichir la notion d’identité par un niveau de confiance, qui pourrait être fournie par l’intermédiaire de paiement. Si on peut considérer que Facebook est bien parti pour être le cœur de l’identification de ce qui relève du domaine du domaine communautaire et social,
Paypal veut être au cœur de l’identification pour ce qui est commerce. Grâce à sa taille critique avec plus de 100 millions de comptes actifs, 45 millions d’évènements par jour et 600 millions d’adresses e-mails vérifiées ou de cartes de paiement enregistrées, il apporte au commerce sur Internet la possibilité d’enrôler un client très facilement, de payer en un click, et de plus de bénéficier de la puissance d’un moteur de recommandation.
Enfin pour l’utilisateur, avec Paypal Access, la création d’un compte d’identité numérique partageable ou révocable pour chaque commerce électronique devient une réalité exerçable aisément par une simple interface sur l’ordinateur, sur le mobile ou sur un appareil numérique connecté.
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Dans l’identité numérique, il ne faut pas oublier l’e-réputation devenu en quelques années un élément essentiel dans le monde de l’Internet et des réseaux.
C’est la conséquence de l’interactivité du Web 2.0 et de l’interactivité qui en découle : l’expression libre peut à tout moment modifier l’image, la réputation, qu’elle soit individuelle ou qu’elle concerne celle d’une société.
Face à cela les entreprises doivent donc non seulement continuer à communiquer mais aussi, ce qui constitue une nouveauté, être à l’écoute des réseaux sociaux et médias numériques et s’impliquer dans le dialogue avec des internautes ou les "mobinautes" qui exigent une réactivité par rapport à leurs préoccupations.
L’identité numérique de l’entreprise dépasse l’image « corporate» et institutionnelle des entreprises sur les réseaux numériques pour s’inscrire au cœur de la communication d’une entreprise, dans la stratégie marketing.
L’exigence d’une identité numérique vivante et interactive sur les réseaux rejoint et complète celle déjà existante dans le monde physique, elle n’est plus seulement une image mais une réalité tangible et essentielle.
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La table ronde a été transformée au vu de l’heure en une discussion one to one lors du cocktail de clôture.
Le Cocktail de clôture a permis aux participants encore présent à cette heure tardive de poursuivre la discussion autour d’un verre. Convivialité et sympathie sont toujours les mots qui reviennent lors de ce moment d’échange si caractéristique des conférences Forum ATENA.
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