ROBOTS : UN MONDE EN DEVENIR

Luc BARANGER  –  décembre 2021

Quand j’avais dix ans…

…mon père travaillait dans une usine métallurgique, à Nantes, dont le premier métier était de fabriquer des hélices de navires de grandes tailles, fabriquées par coulées de dizaines de tonnes de métaux cuivreux. Au siècle dernier, au milieu des années 1960, le principe de précaution n’était pas appliqué, j’avais le droit de visiter l’usine métallurgique, et d’être spectateur de la coulée de ces tonnes de cuivreux en fusion, couleur confiture de groseille ; c’est en réduit le même spectacle que j’ai observé au-dessus d’un volcan hawaïen en fusion. C’est magnifique.

Mais, après cet inoubliable spectacle au pays de Jules Verne, j’avais le droit d’aller voir, une autre production de cette usine : derrière une vitre se trouvait un robot télémanipulateur appelé Télectron, destiné à la manipulation des barres et pièces radio-actives du CEA.

Ce robot était une machine à commande numérique, et c’était il y a 55 ans !

Alors, en 2010, soit 45 ans après, on ne disposait pas de tels robots ? Quelle étrangeté.

Et il y a dix ans…

Pourtant, cette fascination s’est interrompue lorsqu’il y a dix ans, le 11 mars 2011,  l’usine nucléaire de Fukushima a été détruite par un tsunami ; j’ai tout de suite pensé que ce ne serait pas grave, car les Japonais, maîtres en robotique allaient envoyer une armée de robots pour contenir et maitriser l’accident nucléaire.

Or, il n’en a rien été, car, à ma grande surprise, les industries japonaises savaient produire des robots-jouets, mais dans le domaine de l’utile et du sérieux, rien.

Et aujourd’hui…

Parmi toutes les familles de robots, certains sont destinés à aider l’homme, d’autres à l’asservir, et enfin d’autres à le tuer.

Pourtant, nous pensions qu’Isaac ASIMOV, en élaborant ses lois de la robotique, nous avait appris que le robot était l’esclave de l’homme.

Du côté des robots tueurs, nous trouvons des familles de drones, utilisés sur les théâtres d’opération. Nous ne donnerons pas d’exemples ici, l’actualité en fourmille malheureusement.

Selon la définition du Petit Larousse, le mot vient du tchèque robota, et signifie « travail forcé », mot créé en 1920 par K.Čapek.

Du côté des robots esclavagistes, les plateformes logistiques de nos enseignes de grande distribution en sont des clients assidus. Le principe est le suivant, un Opérateur Humain, casque sur les oreilles, reçoit les ordres d’exécution d’une commande. Il pilote un trans-palette. Le robot lui indique de prendre manuellement telle marchandise sur telle étagère, la poser sur la palette, puis la suivante. Quand la commande est finalisée, l’Opérateur enveloppe l’ensemble avec du film plastique, et va la déposer aux expéditions. Cela pendant 6 ou 7 heures. A la fin de la journée, L’Opérateur-esclave du robot peut aller se reposer jusqu’au lendemain. Il aura finalement déplacé manuellement des tonnes de marchandise dans sa journée. Ces plateformes logistiques recrutent des Opérateurs en permanence, car après 2 à 5 ans dans ce travail, les Opérateurs humains développent des troubles musculo-squelettiques irréversibles. Et donc il va falloir les remplacer et casser d’autres humains. Il s’agit donc d’une pratique perverse, dans laquelle le rôle de l’homme et celui du robot ont été inversés.

Pour terminer sur une note plus optimiste, citons les robots de Boston Dynamics, qui ont une silhouette soit anthropomorphique, soit celle de quadrupèdes. Les performances mécaniques de ces robots ne cessent de nous étonner. Leurs concepteurs restent par ailleurs d’une rigueur impressionnante, car ils ne parlent sur leur site d’intelligence artificielle.