Juin 2021

Etant l’heureux utilisateur depuis le mois de mars d’une voiture électrique de marque française, je constate que mes déboires rejoignent celles de notre nouveau Président, qui lui a fait l’acquisition d’une luxueuse berline électrique américaine.

Première claque, une mise à jour douteuse

Quelques jours après la livraison de ce superbe « tapis volant », j’ai enregistré le véhicule sur le site du constructeur, de manière à être suivi pour la période de garantie de trois ans.

Première surprise, celui-ci demande de faire une mise à jour logicielle, alors que la voiture sort de chez le concessionnaire.
Naïvement, je suis cette prescription, qui pourtant me semble inhabituelle. En effet, il faut installer le logiciel de mise à jour sur une clé de 64 GO.
Deuxième surprise ; Le téléchargement me semble bien long. Et je constate que la « simple » mise à jour principale fait 7 GO, excusez du peu ! Mais un constructeur sérieux pourrait-il nous envoyer dans le mur ?
Et bien oui, car ayant tenté d’implanter cette mise à jour sur le port USB du véhicule, celle-ci s’arrête et se plante à 32 % de cette mise à jour.
Je recommence toutes les opérations, idem !
Troisième surprise ; le résultat, c’est que l’ordinateur de bord des fonctions de la voiture affiche un écran noir, plus de chauffage/climatisation (on est fin mars), plus de radio, plus de radar de recul, etc.
Par chance, je peux encore rouler avec le véhicule.
Pas moyen de revenir en arrière, car il n’y a pas de bouton “reset”. Quand à débrancher la batterie, c’est très fortement déconseillé par le constructeur et le concessionnaire.
J’appelle alors la hot-line, qui me demande de rapporter le véhicule chez le concessionnaire.
Après deux semaines à conduire en mode dégradé, le concessionnaire finit par réparer ce logiciel, et me demande de ne pas faire moi-même ces mises à jour demandées par le constructeur sur son site internet. Dont acte !

Deuxième claque, des équipements « intelligents » ou idiots ?

Pour l’automobile, l’ajout de nombreux capteurs associés à un logiciel que les gens du marketing dénomment pompeusement « intelligence artificielle », sont probablement destinés à pallier la bêtise des utilisateurs de ces véhicules, et à rendre leur vie heureuse, comme le montre leurs figures sur les photos publicitaires.
Et bien parlons-en de ces équipements.
Une voix vient vous dire de tenir les mains sur le volant, alors que vos mains sont bien posées sur le volant.
Un contrôle de trajectoire vous envoie brutalement à gauche sur une route étroite, alors que justement, vous serrez à droite pour vous écarter de la voiture qui vient en face.
Quant à la belle américaine, elle freine parfois brutalement sur l’autoroute, car elle a aperçu un ectoplasme. Nous vivons dans un monde merveilleux. Cela contribue-t-il à notre sécurité ?

Troisième claque, l’ordinateur prend le pouvoir et vous ne pouvez plus rouler

L’informatique des voitures génère des sensations fortes, comme par exemple lorsqu’en sortant du travail, en pleine ville, vers 18H30, elle décide de bloquer votre véhicule dans un rond-point, ou bien, lorsqu’en rentrant chez vous, vous ne pouvez plus couper le contact, et que tout reste allumé sans que vous puissiez faire quoique ce soit.
Et quid encore de la voiture qui refuse de démarrer lorsque vous sortez fourbu de la conférence du Forum ATENA, et que vous avez proposé à quelques personnes de les raccompagner dans votre luxueuse limousine américaine ?

Les voitures d’aujourd’hui ont été définies comme des smartphones à 4 roues.

Toute l’erreur vient de là. Au lieu de concevoir la fiabilité de l’électronique embarquée, et de son logiciel, comme cela est fait en aéronautique, nous sommes obligés, en faisant l’acquisition du véhicule, d’avoir obligatoirement tout ce matériel superfétatoire et onéreux.
Certains équipements, au lieu d’être seulement des aides à la conduite (« assisté par ordinateur »), deviennent des dirigeants stupides.
Dans le cas des véhicules électriques, ce n’est pas la propulsion électrique qui est en cause, mais le côté amateur de la mise en œuvre de l’informatique embarquée, source de nombreux conflits et soucis.
Paradoxalement, avec la pénurie de composants, certains véhicules sortent avec des équipements analogiques éprouvés au combat.
Aussi, les constructeurs ne pourraient-ils pas nous proposer des véhicules dont l’informatique serait en option ?

Luc BARANGER
Administrateur Consommation
Fédération des Familles de France