Samir Koleilat. – Vice Président Forum ATENA. – novembre 2022
Le monde numérique repose sur des éléments clés qui le composent et sont nécessaires à son fonctionnement. D’abord la connaissance du client est l’acteur majeur dans les réseaux des flux financiers, commerciaux et sociaux. Lorsque les flux financiers des individus sont contrôlés, leur vie en sa globalité est contrôlée, d’où la nécessité pour les états de promulguer des lois et des directives afin de réguler et contrôler ces flux. Les états qui sont soucieux de protéger les consommateurs et de protéger leurs systèmes économique et sociale, se donnent le droit de contrôler la vie privée des individus. ( voir kyc )
Les états souhaitent aussi protéger la vie privée de individus par la création des lois de protection des données personnels (RGPD) « Règlement Général sur la Protection des Données », mais ceci ne protège que la transmission des données d’une organisation commerciales à une autre, ou la fuite des informations identitaires nationales vers l’étranger.
Tous les mécanismes de contrôle actuels reposent sur des systèmes d’information centralisés, des logiciels performants mais dont la base de gestion date depuis plus de trente ans. Ces systèmes centralisés communiquent très mal entre eux, les bases de données sont même hermétiques les unes par rapport aux autres, car chaque état ou acteur financier cherche à préserver son indépendance dans la gestion de ses propres bases de données et d’assurer son propre contrôle afin d’être en règle vis-à-vis de la conformité légale, ou pour des raisons de sécurité et protection des fichiers.
Les institutions financières dans un pays s’efforcent de croiser les informations entre elles sans grande efficacité, elles sont loin de partager ces informations avec d’autres pays de la communauté européenne et encore moins avec d’autres pays hors communauté européenne. Les pays ne partagent pas les mêmes règles de contrôle ou la même philosophie économique.
La première mission à l’arrivée de la technologies de la chaine de block (blockchain) et de la crypto monnaie était de préserver l’anonymat des individus et de s’affranchir du contrôle central d’un état, de redonner à chaque individu sa souveraineté sur ses données personnelles et sur ses actifs. Il fallait également mettre des sommes d’argent hors de la portée d’un état qui continue à autoriser les banques commerciales de disposer de nos actifs pour en faire des investissements qui ne dépendent que de leurs seuls choix, et d’un système financier monopolisé par ces mêmes banques commerciales. En effet plus les états s’endettent et se fragilisent plus les banques commerciales se fragilisent, cette situation menace les dépôts des individus qui risquent d’être entrainer dans la chute. Souvenons-nous de la situation de la Grèce ou de Chypre pour ne citer que des pays européens.
Tout ceci change considérablement la base de la confiance sur laquelle repose la stabilité des monnaies à cours légal, et pousse les gens à rechercher des moyens qui les protègent, tel que le placement dans l’immobilier ou dans l’or. Conséquence : depuis quelques mois le prix des pièces d’or s’est envolé, la banque de France à édité des pièces de 10 000 € sans que le poids ne représente la somme déposée mais avec une garantie de rachat à ce prix. L’État vend ainsi 20 grammes d’or dont la valeur intrinsèque est d’environ 1080 €uros au prix de 10 000 €, la force de l’état est basée sur la confiance ce qui lui permet de pouvoir éditer des produits financiers torsadés.
Tout ceci conforte la conviction de l’existence d’une incertitude et une fragilité monétaire. Ceci n’est qu’une dette supplémentaire à rembourser à la première demande et pourrait créer un Bank-Run si tous les investisseurs se précipitaient en même temps pour récupérer leur contrepartie en €uros.
Bank run : c’est lorsque tous les dépositaires demandent à retirer leurs argents cash en même temps et la banque ne peut fournir les sommes , car les dépôts en monnaies sont à 90 % numériques et 10 % cash physique , cela s’appelle Bank Run.
La situation actuelle des états les plus riches est fragilisée par des crises successives, COVID, Guerre en Ukraine, inflation et problèmes climatiques, tout ceci entraine un endettement massif qui rend le contrôle de plus en plus difficile, par conséquent la confiance que les individus prêtent à leurs états sur laquelle repose la stabilité monétaire et sociale diminue.
CEFI : les modèles de gestion financière centralisées.
et DEFI – decentralized finance ou finance décentralisée
CEFI : le modèle centralisé (gouvernance et gestion centralisées) est exercée par des sociétés enregistrées auprès des institutions financières qui demandent la connaissance du client, elle appliquent les procédures de lutte contre le blanchiment et les autres crimes financiers,
DEFI : ce modèle est décentralisé, il s’appuie sur des société DAO ( decentralized autonomus organisation) qui appartiennent à des individus ayant créé des actions sous forme de tokens d’association, lesquels réunissent les développeurs, les mineurs et les contributeurs pour participer d’une façon totalement anonyme à la création et à l’évolution de la structure. Leurs propres tokens sont la monnaie de base des échanges du service. La liquidité du token est créée sur un échange contre des cryptos à forte circulation tel que l’Ethereum ou le Bitcoin et plusieurs autres tokens du type stable coin.
DAO : une société dont les actionnaires s’enregistrent au capitale par une clé publique de leurs portemonnaie de crypto monnaie comme identifiant, sans laisser la moindre information sur leurs données personnelles.
CEFI : Soyons visionnaires et observons les événements actuels afin d’entrevoir l’avenir. Le premier danger vient de la Blockchain qui ouvre des portes sur une confiance décentralisée, répartie, assurée par les individus qui assurent eux-mêmes les échanges des biens et des services en s’appuyant sur une monnaie qui échappe aux contrôle centraux.
Cette phase se traduit actuellement par l’effondrement du modèle spéculatif de la crypto monnaie qui migre vers des modèles basés sur des crypto-monnaies à cours stable favorisant les échanges commerciaux en éliminant le risque de change. De surcroit ce crypto « stablecoin » s’appuie sur un collatéral en euro ou en dollar. En cas de BankRun la disponibilité des cryptos stablecoin reste intacte. Bien que la crypto monnaie soit une monnaie digitale elle ne risque pas de perdre de son volume si la banque commerciale éprouve des difficultés ’elle ne sera pas impactée par les pertes constatées sur les fonds propres de la banque qui détient les dépôts du collatéral puisqu’elle s’appuie sur une valeur indépendante de celle des banques.
Au contraire cela risque de détacher la valeur du stablecoin à jamais de son collatéral pour lui donner une nouvelle valeur qui sera basée sur la confiance de la capacité de chaque individu à vouloir échanger les biens et les services en utilisant la Crypto en dehors de toute intervention d’une monnaie à cours légal.
Le stabel coin est un token qui est indexé sur une monnaie à cours égale, il est aussi stable que la monnaie sur laquelle il est indexé, à la hausse et à la baisse, au sein de la communauté européenne un Stable coin en euros représente une alternative à l’Euro de la banque centrale, et ceci représente un danger sur l’équilibre financier, car les stables coin sont en générale des token centralisés et contrôlés par ceux qui assurent la liquidité du stable coin lui-même car ils peuvent aussi mettre un collatérale en valeur équivalente à la somme des tokens mis en circulation et ce collatérale peut s’appuiyer sur des valeurs autre que la monnaie à cours légale, d’où une concurrence direct à l’Euro et à la confiance que le marché accorde à la monnaie, imaginez un stable coin soutenu par de l’or ou de l’immobilier , il promet une meilleure solidité qu’un euro d’un état endetté !!
Le deuxième danger est l’arrivée des modèles décentralisés, car si dans le premier cas les individus doivent créer un compte avec un Kyc. Dans ce cas ils ouvrent un compte totalement anonyme, la porte d’entrée sur le monde décentralisé est l’achat avec une carte de crédit des tokens qui vous propulsent dans le monde décentralisé, et ceci sans aucune limite de somme sauf celle que votre propre banque établit. Ce compte est ouvert sur des plateformes qui n’exigent pas d’inscription et qui vont jusqu’à livrer une carte de paiement prépayée internationale « VISA » à leurs membres.
(Kyc : Know Your Customer ou la connaissance de ton client, ce sont les données personnels, les preuve d’existence et d’identité et preuve du lieu de résidence)
DAO : les structures autonomes décentralisées sont sans nationalité ou appartenance territoriale. Les noms de domaine sur lesquels ils se basent sont répartis sur la blockchain sans possibilité de les contrôler ou connaitre leurs propriétaires. Ils accélèrent leurs activités sans aucune contrainte légale ou économique, trouvent des financements, se créent par milliers. Certains disparaissent certes, mais rien ne semble perturber la croissance fulgurante de ces structures basées sur des modèles décentralisées, dopées par la technologie de la WEB3.0 .
Et le troisième danger, c’est la croissance du nombre de commerces en ligne qui commencent à accepter les paiements en cryptomonnaie.
Les risques :
- Perte de contrôle sur la connaissance du client, les utilisateurs sont anonymes.
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- Création de portemonnaies sans inscription, possession par le client du contrôle de ses actifs.
- Modèle de paiement décentralisé sans contrôle de flux financier.
- Fuite des capitaux vers des actifs numériques à rendement du type Staking et farming. (staking et farming : des investissements dans des tokens dont la valeur est liée aux résultats que l’activité génère, et dont le contrôle est totalement décentralisé sans aucune possibilité d’erreur ou de mauvaise gestion, là ou l’endettement ne rentre pas dans l’équation comptable)
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- Perte de contrôle sur les procédures de LCB-FT – Tracfin ( lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme )
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- Perte de contrôle des flux financiers et de la lutte contre les crimes financiers.
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- Chaos technique et organisationnel.
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- Achats des tokens stables à des établissements internationaux par carte de crédit sans contrôle.
- Usage des tokens stables pour paiement hors circuits financiers gouvernementaux ou bancaires.
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- Risque de terrorisme financier important.
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- Perte du contrôle des flux monétaires internationaux par les banques centrales et les banques commerciales
- Danger sur le métier des banques commerciales, de par la fuite des capitaux vers des modèles décentralisées sans nationalité, sans résidence juridique précise ayant de actionnaires anonymes.
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- Risque de déstabilisation des institutions financières et des états.
- Et dernier danger prédictible serait l’accélération de l’acceptation des paiements en crypto monnaie des ventes en ligne, car elle enlève la possibilité des seuls contrôles possibles qui sont fiat2crypto et Crypto2fiat. Le fiat c’est la monnaie à court légale tel que l’EURO
LA SOLUTION serait que les états créent leurs propres stablecoin , que les banques commerciales l’adoptent et que les prestataires de service sur actifs numériques soient des dizaines de milliers dans chaque pays afin d’attirer une large majorité des citoyens en élargissant le domaine de contrôle des états et en réduisant l’espace des organisation décentralisées.
LCB-FT : lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme
KYC : know Youri customer : la connaissance de ton client
Kyb : know your business : la connaissance de l’entreprise
Fiat : la monnaie à cours légal : l’Euro
Crypto : la monnaie cryptée
Staking et farming : sont des mots qui signifient : le cumul des bénéfices à court pour le staking et long terme pour le farming
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