Le point de vue de Christophe sur les mutations à l’occasion du scrutin présidentiel …

Par Christophe Dubois-Damien

19 avril 2022

Les partis populistes ont gagné le premier tour de l’élection présidentielle française du 10 avril 2022 . Une majorité d’électeurs se sont prononcés pour des dirigeants politiques qui se situent « hors-système ». Ces leaders contestent le système politique actuel fondé sur la démocratie représentative et refusent le système d’économie de marché.

Si on additionne les voix qui se sont portées sur Marine Le Pen (27,6%), Éric Zemmour (7,05%), Nicolas Dupont-Aignant (2,07%), Jean Luc Mélenchon (21,95%), Philippe Poutou (0,77%), Jean Lassalle (3,16%), Nathalie Arthaud (0,57%), on obtient un total de 63,17%.

Il faut noter qu’une partie des troupes d’Ecologie les verts ( (Yannick Jadot a fait 4,58%) affiche aussi des idées « antisystème ».

Cet assemblage hétéroclite représente une majorité de 65% du corps électoral. 

En outre le taux d’abstention est de 27%, signe supplémentaire du refus du système.

Les partis de gouvernements, c’est à dire ceux qui ont déjà gouverné et qui ont une prétention à le faire dans le cadre constitutionnel et juridique ont obtenus pour Emmanuel Macron (27,6%), Valérie Pécresse (4,79%) et Anne Hidalgo (1,74%). On pourrait y ajouter une majorité des électeurs de Yannick Jadot, et aussi le représentant du parti communiste, Fabien Roussel (2,31%), qui a défendu des propositions jugées par beaucoup comme raisonnables.

Ils totalisent 39,44% du corp électoral. Les partis de la raison sont donc désormais minoritaires.

La France politique de 2022 est coupée en deux : d’un côté ceux qui veulent gouverner et qui savent comment faire et de l’autre, ceux qui voudraient gouverner mais à condition de changer de système politique et de système économique. Donc, ces derniers veulent changer le mode de représentation démocratique et bouleverser le système capitaliste.

Il y a une France minoritaire qui cultive le pragmatisme pour gérer une réalité complexe avec des valeurs de liberté, et de respect des autres. Et une France radicale qui veut tout changer sans savoir par quoi remplacer les anciennes structures.

Pour ceux qui appartiennent à ce qu‘on appelle le « cercle de la raison », cette situation est évidemment très inquiétante. Ils ont deux types de réactions. 

Les uns ont tendance à ne pas prendre très au sérieux ce résultat électoral qui s’inscrit dans la culture frondeuse de la France. avec des Français « décidément incorrigibles, pessimistes structurels et râleurs.

Les autres sont des analystes lucides qui considèrent que ce populisme a de vraies racines profondes.

Les membres du « cercle de la raison » se demandent si tous ceux qui ont choisi un vote protestataire voteront au deuxième tour de l’Election présidentielle majoritairement pour l’extrême droite, accepteront les dangers du programme de Marine Le Pen et prendront le risque d’un changement de système. En outre ils réfléchissent à l’ampleur et la motivation des abstentionnistes par conviction ou par hésitation.

Jamais depuis la chute de Pétain et le retour de la démocratie en 1945, l’extrême droite n’a été aussi proche d’un retour au pouvoir dans notre pays.

Le programme global de Marine Le Pen est dangereux. Son programme économique est non financé. Les mesures aux vertus présentées comme sociales sont inapplicables du fait de leur coût exorbitant. De nombreuses mesures en faveur du pouvoir d’achat apparaissent impraticables juridiquement et inefficaces économiquement.

Malgré une dette publique passée de 100 % à près de 116 % du PIB en raison de la crise sanitaire, la France n’a pas perdu la confiance des marchés. En revanche le manque de prévoyance du programme de Marine Le Pen ne rassurera pas ces derniers, qui verront dans la France une version européenne de l’Argentine.

Enfin, si la candidate RN ne parle plus de quitter l’Europe et l’euro, son programme revient à s’asseoir sur les règles européennes et créera immédiatement une profonde crise de l’Union, avec des répercussions immédiates sur la crédibilité budgétaire de la France.  Il s’agirait en fait d’un Frexit qui ne dit pas son nom.

Marine Le Pen veut organiser un référendum sur un projet de loi révisant la Constitution pour y inscrire « la priorité nationale ». Si elle décidait de passer outre le Conseil constitutionnel pour ce faire on serait à la limite du coup d’Etat.

La candidate du Rassemblement national prône un rapprochement avec la Russie.

Marine Le Pen veut sortir du commandement intégré de l’OTAN et travailler à un rapprochement stratégique avec la Russie. Elle juge la diplomatie de l’administration Biden « trop agressive à l’égard de Pékin » et « ne souscrit pas au catastrophisme climatique ».

Marine Le Pen propose un programme qui n’est pas financé. Et son premier geste si elle est élue sera d’introduire dans notre constitution des clauses qui la rendront incompatibles avec nos engagements européens.

Les réformes d’ampleur menées depuis le début du quinquennat en 2017 ont des effets positifs sur la conjoncture. Pourtant une moitié des votants aux élections présidentielles de 2022 veut se tourner vers l’extrême droite. 

La France bénéficie d’un Etat providence parmi les plus généreux au monde, et l’inégalité des revenus après impôts demeure parmi les plus faibles au sein des pays de l’OCDE.

Depuis 2017 le président sortant a réussi à faire baisser le chômage tout en protégeant le pouvoir d’achat des ménages.

Trois réformes importantes sont à mettre à son crédit : la réforme de la fiscalité avec notamment la baisse des impôts de production ; la loi travail qui a élargi le pouvoir décisionnel des accords d’entreprise ; et la réforme de l’apprentissage qui a libéralisé l’offre de prestations afin de mieux répondre aux besoins de compétences.

Certes de gros voyants demeurent au rouge: nos performances scolaires, notre dette publique et notre déficit extérieur. Comment les faire passer au vert ? 

Une stratégie crédible pour y parvenir est celle que propose Emmanuel Macron : d’un côté réduire la part récurrente de notre dépense publique en particulier grâce à la reprise de l’emploi et à une augmentation de la durée des cotisations pour les retraites; d’un autre côté investir plus et mieux dans l’éducation, l’innovation et la politique industrielle.

Les deux anciens partis de gouvernement LR et PS ont connu au premier tour des élections un échec historique : respectivement 4,79% et 1,74%. 

Ces partis portent, du fait de leurs insuffisances quand ils étaient au pouvoir, en grande partie la responsabilité des dérèglements politiques actuels.

Le Front Républicain est un barrage devenu fragile

Vingt ans après le 21 avril 2002 et la première présence de l’extrême droite au second tour d’une présidentielle le front républicain se cherche. Le monde de la culture s’y résout sans conviction et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont partagés. À droite comme à gauche, le réflexe de voter pour éviter l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite est de moins en moins une évidence

L’Europe a le regard tourné vers la France et c’est un regard rempli d’inquiétude. Tous les gouvernements, à l’exception possible de celui du Hongrois Viktor Orban, redoutent en effet une victoire de Marine Le Pen, le 24 avril. Outre-Rhin, la peur est palpable après les récentes déclarations de la candidate du RN mettant en cause « l’aveuglement français à l’égard de Berlin » et le fait que « l’Allemagne s’affirme comme le négatif absolu de l’identité stratégique de la France ».

Certes, depuis 2017, Marine Le Pen a mis de l’eau européenne dans son vin tricolore : elle a renoncé à la sortie de l’euro, tout en tissant des liens avec les conservateurs hongrois et polonais au pouvoir dans leur pays. Mais ses positions jugées trop favorables au Kremlin lui aliènent de nombreux soutiens et lui valent de fortes critiques.

Au-delà de cette crainte, c’est l’incompréhension qui domine à la lecture des résultats du premier tour des Elections présidentielles françaises . Qu’arrive-t-il à la France ? Comment les deux candidats des deux anciens partis de gouvernement, ceux de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande, peuvent-ils, ensemble, ne recueillir que 6,53 % des suffrages ? Il y a là une véritable exception française. Celle-ci s’était déjà manifestée en 2005, avec le victoire du Non (54,67 %) au référendum sur le traité européen – la France se distinguant aux côtés des seuls Pays-Bas (61,6 %).

Par ailleurs, face à la montée des extrêmes, il existe des analystes lucides qui considèrent que ce populisme n’est pas un accident de l’histoire, mais le produit d’une évolution qui a de vraies raisons avec des racines profondes auxquelles ils faudraient s’attaquer.

Les populistes se déclarent malheureux, déclassés et délaissés par le système. C’était le premier des points communs aux manifestants gilets jaunes. Ils ont le sentiment que leur vie est perdue, qu’ils vivent plus mal que leurs parents ou leurs grands-parents, et que l’ascenseur social ne fonctionne plus. Ils se retrouvent donc en conflit avec la société officielle. Ils considèrent que les élites politiques et économiques sont incompétentes, arrogantes et corrompues. 

La campagne présidentielle a été centrée sur la question du pouvoir d’achat, soucis essentiel de la majorité des populistes.

Ensuite, sur les questions de sécurité liées à la délinquance et à l’immigration et enfin, sur le fonctionnement de l’Etat accusé de ne pas remplir sa mission d’Etat protecteur et même d’Etat providence.

Beaucoup ont essayé de démontrer que ce diagnostic très noir était plus ressenti que réel. 

Mais la démonstration n’est pas audible. Dire que le pouvoir d’achat n’a pas cessé d’augmenter dans le pays depuis 15 ans ou répéter que dans notre pays les dépenses publiques dépassent et consacrent 55 % du PIB, dont la moitié en social, ce qui place la France en tête des pays occidentaux, n’est absolument pas crédible.

Les populistes sont arrivés à un tel point de désappointement et de frustration qu‘ils sont complètement sourds aux explications les plus évidentes ou les plus scientifiques. Plus grave, ils vivent dans un autre monde que celui de l’adhésion au progrès et la maîtrise de la technologie, de l‘expertise, de l’innovation.

Donc généralement, les populistes sont contre tout ce qui émane du pouvoir politique et des grands pouvoirs économiques et financiers. Ils sont contre tout. 

Pendant la crise du Covid, ils ont commencé par nier la gravité de la pandémie, ils étaient contre le port du masque, sauf quand on n’en avait pas en stock. Ils étaient contre le vaccin, contre le Pass sanitaire, comme ils étaient autrefois contre le port de la ceinture de sécurité en voiture, la limitation de vitesse ou l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

Plus grave encore, tout ce qui va mal ou tout ce que propose les élites relèvent du complot, du grand capital, parfois international, parfois maçonnique ou juif. Donc il n’y a pas de débat possible. Pourtant ces « hors système » ne cessent pas de le réclamer.

L’autre caractéristique des mouvements complotistes est qu’ils ne s’entendent pas entre eux. Donc il s’avère impossible de trouver des compromis et de dégager de lignes stratégiques pour appliquer une gouvernance capable de régler les problèmes.

Les mouvements populistes ne proposent pas de solutions.  Ils ressentent un mal profond.  Et si leur ressenti ne correspond pas à la réalité des chiffres et des faits, ils estiment que c’est la réalité qui est fausse.

Le mouvement n’est pas propre à la France. Depuis les années 2000, les courants populistes ont traversé la plupart des grandes démocraties dans le monde ou en Europe sans beaucoup de succès : en Grèce, en Italie et en Espagne. En Grande Bretagne, avec le Brexit où Boris Johnson a un peu perdu la main sur la partition, aux Etats-Unis avec Donald Trump et Bolsonaro au Brésil.  La Hongrie a certes conforté récemment le pouvoir de Victor Orban qui doit néanmoins accepter pour des raisons économiques la dépendance à l’Union européenne. Ce qui lui pose des problèmes quotidiens dans l’application de ses principes d’autorité.

Mais, le bilan globalement négatif des gouvernements populistes dans le monde n’a pas freiné la progression de ces courants en France puisqu‘ils sont désormais majoritaires. Pire, la proximité de beaucoup d’entre eux avec Vladimir Poutine et ses atrocités en Ukraine ne les a pas non plus beaucoup perturbés.

La question est donc de savoir maintenant comment on peut conjurer cette fatalité du populisme qui conduit toujours à des formes de gouvernement autoritaires, élus démocratiquement, ayant des résultats contraires aux promesses tenues.

Il faut noter un phénomène sociologique : le « désir de chaos ». Il est certes le fait d’une minorité. Mais celle-ci bénéficie d’un certain soutien.

Dans le passé les amateurs de chaos étaient des marginaux sans influence. Les réseaux sociaux — Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, etc. — leur ont permis d’acquérir un statut social en diffusant des « fake news », théories du complot et « scandales » fabriqués de toutes pièces qui sont autant d’incitations au chaos.

Ces « rumeurs politiques hostiles » n’ont pas pour but de promouvoir une idéologie mais de discréditer les élites politiques, de nier les apports de la science expérimentale, de mobiliser la population contre les politiques et les institutions en général. Les personnes qui souhaitent le chaos ne diffusent pas les rumeurs parce qu’elles les croient vraies mais pour faire des dégâts: elles veulent soulager un malaise intime en détruisant les institutions de notre République pour les remplacer par un désordre généralisé dont l’issue la plus probable sera une dictature.

Ce « désir de chaos » est relayé avec complaisance par ceux des intellectuels qui jugent élégant, longue tradition française, de vomir la bourgeoisie dont ils font partie.

Le monde est entré depuis les années 1980 dans la troisième révolution industrielle avec comme intrants les processus normés et informatisés.

Cette troisième révolution industrielle, la France l’a ratée.
Ou sont parmi nos élites les penseurs des transformations en cours, les éclaireurs de l’avenir, les pédagogues du changement ?
Face à ces retards, ces blocages et ces défis la société civile a un rôle à jouer. L’heure est au changement de logiciel dans la sphère politique.
Nos institutions, inspirées par le Conseil National de la Résistance, ont été rédigées pour servir le précédent modèle économique : l’économie fordiste de la deuxième moitié de la deuxième révolution industrielle : économie de masse : masse de travailleurs de la grande entreprise pyramidale, normalisée, hiérarchisée, optimisée, cadencée par l’organisation scientifique du travail, fabricant des produits standardisés, faisant l’objet d’une consommation de masse sur des marchés grand public.
Il faut bâtir les Institutions permettant l’épanouissement et l’équilibre social du paradigme de l’économie numérique du règne de la donnée à l’ère de la multitude, de l’homme augmenté et de l’entreprise étendue, de l’innovation continue et du développement des territoires.

Nous assistons au passage de l’ère de la main d’œuvre du XXème siècle à l’ère du cerveau d’œuvre du XXIème siècle.

De ce fait nous entrons dans la vague d’innovation ou destruction créatrice la plus forte de l’histoire de l’humanité.
Ce qu’on nomme ” numérique” n’est pas seulement une technologie et encore moins un secteur parmi d’autres. Cette informatique optimisée bouleverse la manière de produire et de consommer. Elle permet un rapprochement inédit de l’offre et de la demande. Elle transforme l’intermédiation.
L”homo numericus ne “va «plus seulement sur internet. Il se trouve à l’intérieur de l’écosystème internet. L’action, l’attitude, la place de l’homme siècle sont différentes dans l’économie numérique du XXIème et dans l’économie fordiste du XXème siècle.
L’homme est plonge dans un paradigme nouveau. Ce paradigme impose à l’ensemble de l’économie un changement de fonctionnements, usages et de méthodes. Elles sont directement liées à la mise en réseau des individus.
À terme, toute l’économie sera informatique et dominée par des entreprises numériques, qui capteront l’essentiel de la création de valeur ajoutée dans des chaînes de valeur recomposées.

 

Les élections présidentielles constituent une formidable opportunité pour des acteurs volontaires de la société civile, experts dans leur domaine, de prendre leurs responsabilités et d’agir pour leur pays.

Elles doivent être l’occasion d’un élan collectif, un élan capable de réinventer la France face aux défis du passage de l’économie fordiste à l’économie numérique.

Notre époque connaît un grand chambardement. Nous subissons des crises climatiques, géopolitiques, religieuses, sanitaires. Crises ou vides stratégiques ?

Nous sommes face au phénomène de l’informatisation appelée « numérique ». En fait, il faut distinguer informatique et numérique. 

L’informatique c’est la science et la technologie. Le numérique ce sont les applications à base de plateformes. Le numérique est donc une sous-partie de l’ informatique.

Les techniques fondamentales de l’économie contemporaines sont celles de la microélectronique, du logiciel et de l’Internet. 

La mécanique, la chimie, l’agriculture et l’énergie ont été les techniques fondamentales jusque dans les années 1980. Ces dernières évoluent désormais en s’informatisant.

Acquérir des bases en économie. Comprendre l’ochlonomie

Pour marquer la profondeur des bouleversements, j’ai inventé le néologisme « ochlonomie » (du grec ochlos : multitude et nomos organisation). Le mot correspond mieux au nouveau modèle que le terme « économie » (du grec oikos : maison et nomos : organisation). L’ochlonomie désigne un modèle de société, qui par hypothèse serait parvenu à l’efficacité à l’équilibre dans le monde qu’a a créé la troisième révolution industrielle de 1980.

L’ochlonomie est un système économique qui permet aux entreprises, aux institutions, aux consommateurs et à l’État de tirer pleinement parti du système technique fondé sur l’informatique, l’internet et l’intelligence partagée. 

Passer de l’économie à l’ochlonomie c’est adopter un nouveau modèle de compréhension de l’économie. Et ce modèle permet de définir une orientation stratégique pour la compétitivité, la croissance et la renaissance. 

Le monde de l’informatisation généralisée est le sésame qui permet de repenser nos organisations pour qu’elles deviennent ouvertes, collaboratives et libératrices de création de valeur. 

La troisième révolution industrielle de 1980 a eu lieu. Ses principes et son socle technologique sont en place. L’intrant de cette troisième révolution industrielle est la donnée, la data. Il faut apprendre à s’y mouvoir. 

Il faut repenser les entreprises privées et publiques et les institutions comme parties prenantes d’un écosystème nouveau, complexe et mouvant. 

Il faut leur permettre d’appréhender les nouveaux modèles d’affaires. Un monde nouveau se profile à l’horizon d’un futur proche. L’économie et la société ont besoin d’entrepreneurs authentiques, capables d’interpréter le nouveau paradigme.

La concurrence entre les nations pour la domination géopolitique se joue désormais sur le terrain des technologies informatiques.  

Les limites de l’élite dirigeante

En France on peut se demander si la classe sociale qui dirige la politique et les grandes entreprises ne méprise pas le nouvel écosystème qu’elle juge « technique ».

On peut douter que l’élite politique, économique, médiatique comprenne l’informatique anthropologique. Certains affichent même une certaine fierté, un certain snobisme de ne rien comprendre à l’informatique.

Notre pays ne pourra conserver un droit à la parole dans le concert des nations que s’il prend conscience de la transformation que l’informatisation a apporté. 

Apports concernant la définition des produits et des compétences humaines, l’ingénierie de la production, la forme de la concurrence. La France risque d’être colonisée par les nations qui auront su s’informatiser efficacement.
À défaut d’être un informaticien, tout dirigeant doit acquérir une intuition exacte de l’informatique et une culture de l’informatisation. Bon nombre de décisions de politique économique et d’organisation sont prisonnières d’un modèle obsolète. Elles vont à rebours de l’efficacité.

Une stratégie pour être efficace doit appréhender le modèle ambiant. Elle doit s’appuyer sur une connaissance exacte du terrain offert à l’action.

Un discours stratégique qui ignore les composantes de la troisième révolution industrielle est inévitablement non pertinent. La stratégie s’égare dans des impasses.
Des objectifs comme « lutter contre le chômage », « améliorer l’éducation », réindustrialiser », « restaurer la vision du progrès » ne pourront être pas être atteints ni même visés tant que les dirigeants de la politique, des institutions et des entreprises ignoreront le nouveau paradigme économique du monde contemporain. 

Considérer le « numérique » comme un « secteur » prive d’une approche beaucoup plus large : l’informatisation des institutions et des entreprises.