Geneviève Bouché. –  juin 2023

Les canons grondent en Ukraine tandis que le numérique s’infiltre dans nos vies en silence : nous sommes bel et bien en guerre hybride … Au fait, où en sommes-nous à ce propos ?

Les guerres hybrides : quand nous regardons ailleurs !

Dîner Hi-Team exceptionnel “Chez Françoise” le 5 juin dernier avec David Baverez, fin connaisseur des modes de pensée de la Chine contemporaine et en présence de Philippe Dawost, l’actuel dirigeant de la désormais prestigieuse école EPITA. Nous avons échangé sur l’état de guerre hybride dans laquelle nous sommes actuellement, à notre insu selon nous …

Les guerres hybrides sont celles qui se substituent ou devancent les guerres militaires. Elles conjuguent les attaques financières et numériques et englobent les guerres des savoirs et des talents.

Selon David Baverez, notre insouciance à cet égard est inquiétante. Certes, nous tentons de parer aux attaques identifiées et notre armée inclut désormais une expertise dédiée aux cyberattaques. L’insouciance qui choque David Baverez porte sur la faiblesse de nos stocks, nos procédures compliquées, nos non-préparations mentales … etc.

Dans le même temps, nos enseignants s’inquiètent de l’abrutissement de leurs élèves via les réseaux sociaux. Nos journaux nos égrènent les violences qui effrayent, à juste titre, la population. 

La préparation de notre économie et la protection de la population à cette réalité devient une question urgente et Forum ATENA se mobilise pour y prendre part. 

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Les communs numériques : quand l’UE s’éveille !

Grand-messe dédiée aux communs numérique le 31 mai dernier dans l’hémicycle Colbert de l’Assemblée Nationale, à l’initiative de Mireille Clapot. 

Le terme de « commun numérique » a été clarifié : il porte sur l’ensemble du numérique, c’est-à-dire le matériel (infrastructures), les logiciels et les données.

La présence de l’ambassadeur au numérique Henri Verdier a permis de faire le point sur les relations entre les membres de l’UE ainsi qu’avec les acteurs majeures au niveau international.

Dans l’ensemble, il a été dit ce que nous défendons à Forum ATENA. En particulier la nécessité de se réapproprier étape par étape les composantes des communs numérique, c’est-à-dire ce qui est nécessaire à tous pour vivre et créer de la valeur sereinement. Si les USA entendent tout privatiser et les Chinois tout mettre sous contrôle, l’UE tend vers une autre voie qui reflète parfaitement l’évolution des modes de gouvernances auxquelles nous assistons.

En effet, la notion de gouvernance, dans les entreprises, passe du mode hiérarchique au mode organique : le chef donne des orientations, mobilise ses troupes et leur donne les moyens de passer à l’acte de manière créative et réactive. Il s’adresse à des experts engagés et non plus à des exécutants.

Cette approche gagne nos institutions. En matière de numérique, cela donne un partage des engagements entre : 

  • ce que l’Etat doit fournir aux acteurs et comment il doit aider ceux qui vont permettre au tissu entrepreneurial de prospérer,
  • comment protéger le bien commun numérique (dont, par exemple, les services génériques imposés de fait par les GAFAM en Europe) et le patrimoine humain (les savoirs et les talents et les données sécrétés).

Ainsi, un numérique 1.0 se dessine, non pas à grands coups de chéquiers, mais au contraire en accompagnant judicieusement les savoirs et les volontés présentes sur le territoire. Car il ne s’agit plus de construire des mastodontes numériques, mais un numérique modulaire et évolutif !

Comme le rappelait hier sur BFM Gilles Babinet à l’occasion de l’ouverture de VivaTech : on estime qu’il y a environ 250 experts de haut niveau de l’IA dans le monde dont plus de 80 sont français ou du moins formés dans nos écoles d’ingénieurs.

L’approche de l’UE repose sur la volonté de ne plus subir, sans pour autant vouloir dominer l’espace numérique mondial. 

Aussi, la controverse entre Alain Garnier et Louis Nogès à propos des 23 millions d’€ accordés à 3 projets par le gouvernement dans le cadre de l’opération « cloud de confiance » mérite d’être débattue au sein de Forum ATENA. 

Certes, toutes périodes de mutation sont des périodes de doutes. L’UE met l’accent sur la réciprocité dans les échanges ce qui peut sembler angélique, comme le laisse entendre Christian Saint Etienne sur Xerfi Canal. Or, cette exigence est un label de maturité face à des acteurs belliqueux. Tout repose sur la détermination avec laquelle nous allons imposer notre vision. 

Nous visons la prospérité et non la conquête. Nous visons l’attractivité et non le pillage.

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