Newsletter n°51 – juin/juillet 2012

 

Edito

Le chiffre du mois

Dossier du mois : nommage internet
Le compte-rendu de l’événement du 7 juin : les nouveaux nommages de l’internet de demain
Les Noms de domaines génériques en question
L’impasse des noms de domaine
Un modèle crédible pour l’Internet
Un futur antérieur
La multiplicité aux pointus, la simplicité pour Mme Michu
Il faut que le DNS soit unique (et univoque)

Actualités :
Evénement Identité Numérique 2012 : réservez votre 25 octobre !
AG Forum ATENA : réelections au sein du Conseil d’Administration
Trois mesures d’urgence pour les entreprises innovantes
Canal+ veut un cadre global face à Netflix et BeIn
Les Assises du Trés Haut Débit avec l’IREST
Lancement de MemoFin.fr, pour tout savoir sur la Bourse et la Finance
Near Field Communication (NFC)

Agenda

     

Edito

Tout d’abord, Forum ATENA se joint à dix autres associations et groupement professionnel, pour soutenir l’initiative en faveur de l’innovation. Voir dans cette newsletter l’article complet et les trois mesures d’urgence que nous préconisons pour fonder une forte politique française d’innovation.
Toujours à propos d’innovation, ma modeste réaction aux différentes déclarations à propos de l’arrivée de Free mobile :
À entendre certains, c’est une catastrophe ? Un risque de récession ? Un frein à l’investissement ? Un risque pour l’emploi ? … À croire que du côté des opérateurs mobiles en place, certains ont une bien piètre opinion des "bienfaits" de la concurrence. À les entendre, je comprends mieux pourquoi l’arrivée d’un quatrième opérateur a tant tardé. 
Pourtant, la concurrence et l’innovation sont au final au profit du consommateur, et si cette conviction n’est pas partagée par tous, la facture moyenne des mobiles en France l’illustre pourtant parfaitement : Celle-ci n’est plus que de 23€, en baisse de 9% en un an (source l’Arcep). La concurrence profiterait-elle aux clients ? C’est en tout cas l’impression que je veux retenir.
Soyons positif, regardons vers l’avenir, construisons, les opportunités et soutiens ne manque pas, par exemple, la Commission européenne qui a lancé début juillet une série d’appels à propositions en matière de recherche dans le cadre de son programme dédié, soit au total, 8,1 milliards d’euros, consacrés au soutien de projets innovants, 1,5 milliard d’euros seront consacrés aux TIC. Ces 8,1 milliards d’euros investis en 2013 dans la recherche et l’innovation devraient être complétés de 6 milliards d’euros d’investissements publics et privés. Ils devraient entraîner «la création de 210 000 nouveaux emplois et, sur une période de 15 ans, une croissance supplémentaire de 75 milliards d’euros».
Voilà des perspectives, des créations d’emploi pour aujourd’hui et demain, la conquête de nouveaux marchés.
Pour nous convaincre du bien-fondé de ces réflexions, deux citations d’autorités, encore toutes fraiches :
Bruno Lasserre, le président de l’Autorité de la concurrence : "la concurrence ne peut pas tout. Ce n’est pas un veau d’or, devant lequel il faut faire des génuflexions. C’est un levier, qui à l’avantage de ne rien coûter par rapport à d’autres leviers comme la fiscalité, mais ce n’est pas l’alpha et l’omega de l’économie».

Jean-Ludovic Silicani, président de l’ARCEP, dont on ne peut que souhaiter dans les faits la confirmation de ses dires : "On est progressivement passé d’une concurrence par les infrastructures, à une concurrence par les services et par la mutualisation d’une part importante de l’infrastructure".

Bonnes vacances !

Philippe Recouppé, Président du Forum ATENA


Le chiffre du mois : 1930

C’est le nombre de candidatures émanant de 60 pays pour acquérir des noms de domaines génériques auprès de l’ICANN, et qui pourraient être effectifs à partir de mars 2013 pour certains d’entre eux.


Le compte-rendu de l’événement du 7 juin : les nouveaux nommages de l’internet de demain

Le 7 juin dernier se tenait l’événement "Les nouveaux nommages de l’Internet de demain" organisé par l’Atelier Sécurité de Forum Atena avec le soutien d’Eurolinc et du MEDEF Ile de France. Ce fut le quatrième opus de nos évènements qui explorent ce que pourrait être l’Internet de demain.

Comme les précédentes éditions, cette conférence a attiré près de 200 participants dans l’amphithéâtre du MEDEF. L’occasion de nombreux échanges passionnés sur cette thématique oh combien d’actualités.

Le compte-rendu de l’évènement, les présentations ainsi que les photos sont disponibles sur le site web de Forum ATENA


Les Noms de domaines génériques en question

L’Internet connait aujourd’hui un bouleversement du même type que lorsqu’il s’est ouvert au monde commercial il y a un quart de siècles. Plus de 1900 noms de domaines génériques de premier niveau (gTLD) ont été commercialisés par l’ICANN, organisation de droit californien qui décide de la politique mondiale sur ces noms de domaines génériques.
 
Mais d’abord à quoi sert au juste un nom de domaine ? Si, dans un cybercafé de Paris ou sur les bords de la Mer Noire, vous pouvez accéder de la même manière, par exemple, au web de forum ATENA sans savoir où il se trouve, mais en saisissant juste l’adresse : www.forumatena.org sur votre navigateur, vous avez utilisé le nom de domaine générique de premier niveau "org", puis le nom de sous-domaine "forumatena". Serveurs, routeurs et autres éléments qui prennent en charge votre demande et vous fournissent le service, ne raisonnent pas en "noms de domaines" mais en "adresses IP" de 4 octets dans l’IPv4 et de 16 octets dans l’IPv6. Ils traduisent votre requête en une adresse IP telle que "192.32.5.12". La traduction d’une adresse "nom de domaine" en une adresse IP, et inversement, se fait par des tables de correspondances gérées par ce qu’on appelle des "serveurs de noms : DNS.  
 
La mise à disposition par l’ICANN de 1930 possibilités de nouveaux noms de domaines génériques de premier .niveau comme ".airbus", ".paris",".africa" ajoutés à ceux qui nous sont familiers comme ".com", ".org", ".fr" change la donne car l’Internet est ainsi vendu par lots à des organisations publiques ou privées. Car ne nous trompons pas, c’est bien la gouvernance d’un nom de domaine générique, donc d’une partie de l’Internet, que les organismes peuvent acheter à l’ICANN. Et le prix n’est pas donné : 185.000 $ pour espérer obtenir un nom de domaine générique, plus la maintenance annuelle et tous les frais associés.
 
Qui peut s’offrir ça ? Google, bien sûr, qui s’est positionné pour acquérir cinquante noms de domaines génériques, mais aussi des associations, des régions, des entreprises. Plusieurs organisations pourraient se positionner sur un nom de domaine, ce qui pourrait entrainer des procès qui feront le bonheur des avocats. Nouveaux riches, nouveaux pauvres, des mots, des maux (*)…
 
L’ICANN, qui gére la politique d’attribution des noms de domaines génériques, est-elle incontournable ? Existe-t-il des alternatives ? 
 
Non, l’ICANN n’est pas incontournable et l’Internet existait bien avant que cette organisation ne soit créée. Il faut reconnaître que l’Internet fonctionne et que ce n’est sans doute pas facile à assurer la continuité du service. De ce côté, nous pouvons être reconnaissants à l’ICANN et aux autres organismes tels que l’IANA. Mais il existe des alternatives. La Chine, par exemple gère le nom de domaine générique ".cn" de manière autonome, et donc tous les sous-domaines de ".cn". Des associations proposent des solutions indépendantes de l’ICANN qui permettent de choisir un nom de domaine racine et d’y associer des noms de domaines génériques. 
 
Que nous réserve l’avenir ? comment les régions, les pays, les entreprises vont-ils réagir ? L’Internet pourrait-il se balkaniser ? L’Internet unique ne deviendra t’il qu’un mythe ou une légende ? L’avenir s’avère passionnant !

(*) Phrase proposée par Louis Pouzin, pour notre grand évènement du 7 juin

Gérard Peliks, Président de l’atelier sécurité de Forum ATENA


L’impasse des noms de domaine

L’année 2012, avec ses nouvelles extensions, aussi bien nommées vani-TLD, a remis à la mode le sujet des noms de domaine, qui ronronnait quelque peu. Au début du siècle on nous racontait les merveilles du DNS qui prenait des noms faciles à retenir, au lieu de numéros anonymes. C’était un peu agaçant de mettre maconnerie pour maçonnerie, et puis y avait-il un tiret ou un sous-tiret, ou rien, com ou fr. Heureusement Google est arrivé, avec sa mémoire d’éléphant, plus besoin de tâtonner, un clic et c’est parti. Qui s’amuse encore à taper des noms de domaine ?

On croyait aussi pouvoir se donner de jolis noms, coquins ou caressants, sérieux ou surprenants. Pas de chance, déjà pris. Sinon, vite les prendre en com, net, org, biz, fr, eu, à titre défensif. Gare aux pirates qui vont déposer avant vous des noms que vous avez imprudemment lâchés en réunion.

L’ICANN s’est embarquée dans un processus inexploré donc inégalement prévisible. Ce serait une erreur de braquer les projecteurs uniquement sur les nouvelles extensions, car les mœurs actuelles font la part belle aux anomalies.

POURQUOI  L’ICANN

Pourquoi l’ICANN ? Parce qu’elle a été imposée par le gouvernement US. Les arguments sensés justifier cet organisme sont la coordination d’un certain nombre de paramètres techniques, la litanie sécurité–stabilité–résilience du DNS, et la promotion de la compétition.

  1. La coordination de paramètres techniques est un classique dans de nombreuses professions, notamment dans les télécommunications. L’UIT est un organisme des Nations Unies, ses dirigeants sont élus par ses membres, qui en votent le programme d’activités. L’ICANN est un organisme californien de droit privé, et n’a pas de membres. Ses dirigeants sont cooptés par ceux en place. 80% des standards internet (RFC) sont produits par des industriels US.
  2. La sécurité du DNS est restée fallacieuse (faille Kaminsky) jusqu’au déploiement de DNSsec, coordonné par l’ICANN, qui par ailleurs n’a qu’un rôle passif. Les opérateurs de racines sont des institutions indépendantes qui gèrent leurs serveurs en bons professionnels, sans avoir besoin de l’ICANN. D’où une bonne stabilité. La résilience est très bonne du fait de la redondance surabondante des copies de racine. Le maillon faible est la liaison avec Verisign, fournisseur unique des mises à jour, par contrat avec le Département du Commerce, c.a.d. le gouvernement US.
  3. La compétition sur le marché des noms de domaine existe au niveau des registreurs d’un même gTLD. Chaque gTLD est un marché captif contrôlé par un registre. Avec .com et .net Verisign contrôle plus de 80% de la clientèle des gTLD. L’ICANN est un monopole mondial. Le contrat avec l’ICANN permet à Verisign d’augmenter systématiquement les tarifs de location des noms (au profit de l’ICANN), alors que l’expansion du marché devrait justifier le contraire. Il y a là une situation permanente de conflit d’intérêt et d’abus de position dominante institutionalisés. La Commission Européenne, qui poursuit Google, Intel, ou Microsoft pour des raisons similaires, fait preuve d’un remarquable talent à ne rien voir d’anormal dans le racket de l’ICANN.

DOGMES  ET  MYTHES

Puisqu’il n’y a pas de réaction musclée contre le monopole ICANN, pourquoi ne continuerait-elle pas à en profiter ? Ce n’est bien évidemment pas le langage convenable pour les utilisateurs. On met donc l’accent sur la nécessité incontestable d’une racine unique seule à même de garantir une conversion sûre d’un nom en adresse IP. Aucune preuve technique n’est apportée, c’est même le contraire qui est prouvé. Les 1550 et plus réseaux de mobiles enregistrés par l’UIT ont chacun leur annuaire pour convertir un numéro d’appel unique en identifiant physique localisant un abonné où qu’il soit. L’internet ne gère pas la mobilité et la population d’internautes n’est que la moitié de celle des abonnés mobiles. L’architecture du DNS est largement obsolète de nos jours, mais le dogme fonctionne toujours.

Non seulement la racine de l’internet doit être unique, mais aussi un nom de vani-TLD. Cette contrainte révèle l’amalgame entre le souci de maintenir le monopole ICANN et de créer une nouvelle écurie de marques déposées en concurrence avec l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Industrielle). Toutefois les déposants de marques OMPI  disposent d’options géographiques et de classes d’usages dont est dépourvue l’ICANN.

Dans la mesure où les vani-TLD seraient surtout prisés par les grandes marques le système pourrait tenir la route sur une clientèle de niche pour qui quelques M$ sont une miette d’un budget publicitaire confortable. Combien de clients ? Mettons 10 à 20000 sur 10 ans. C’est évidemment un pactole pharaonique propre à faire fantasmer les dirigeants de l’ICANN et leurs amis. À supposer qu’ils soient lucides, quels noms de domaines comptent ils offrir au tiers-état ?

Ce qui suit n’est pas un exercice de précision comptable mais un essai d’évaluation d’ordres de grandeur, ou, comme on dit, de la taille de l’iceberg.

Diverses prévisions donnent des chiffres de 9 à 10 milliards pour la population humaine vers 2030. Donc autant de noms de domaines pour simplifier. En parallèle il faut aussi prévoir des noms de sociétés, clubs, etc. Mettons, sans base scientifique, autant que d’individus, soit au total 20 milliards. Combien faut-il de caractères pour que chacun ait un nom unique ?

Une première étape est de connaître le nombre maximum de chaînes (de caractères) uniques ne dépassant pas une certaine longueur. Avec un alphabet de 26 lettres et le tiret (ascii) le nombre maximum de chaînes ne dépassant pas 7 caractères est 13 millliards, donc insuffisant. Avec 8 caractères le maximum est 374 milliards. Mais ces chaînes sont essentiellement des combinaisons aléatoires sans aucun sens linguistique. Il faut donc prévoir que la longueur des chaînes utiles sera bien supérieure à la valeur théorique minimum.

P.ex. il est devenu très difficile de trouver dans .COM un nom convenable jusqu’à 10 caractères, alors que le maximum pour cette taille est 293 billiards. Il est couramment nécessaire d’aller jusqu’à 15 caractères ou plus.

Ajoutons à ces difficultés la représentation des alphabets non ascii, que l’ICANN convertit en "punycode", c.a.d. une chaîne ascii souvent indéchiffrable et nettement plus longue que l’original.

Le système ICANN des noms de domaines soi-disant mnémoniques et pratiques aboutit dans le futur à des chaînes de longueur excessive, 50 à 70 caractères, n’ayant plus rien de mnémonique et bien plus susceptibles de confusion visuelle. Pratiquement c’est manifestement une impasse.

Que pourra-t-il se passer ?
Si la clientèle veut bien suivre les vani-TLD pourront techniquement faire leur chemin de niche pour riches. Le tiers-état sera naturellement amené à mettre en place des annuaires sélectifs sur des bases linguistiques, professionnelles, sociales, politiques, hobbies, etc. permettant l’usage de noms plus faciles à manier. Noter que Facebook, Google et Twitter ont déjà ouvert cette piste.

Comme ces créations ont aussi leurs limites, en particulier dues à leur prolifération anarchique, le marché deviendra demandeur d’une rationalisation internationale, comme dans bien d’autres domaines (banque, assurance, transport, chimie, etc.). Et nous reverrons tout simplement des noms de domaine numériques baptisés identifiants. La taille se limitera probablement à des numéros de 12 à 16 chiffres, permettant une certaine structuration. Il n’y aura plus de difficultés linguistiques, et ils n’auront pas plus de valeur qu’un identifiant de carte crédit.

Enfin, on écrira des livres sur la formidable arnaque inventée par l’ICANN.

Louis Pouzin, EUROLINC


Un modèle crédible pour l’Internet

Oui je crois en l’ICANN et son modèle de consensus élaboré par tous et pour tous.

Non je ne crois pas au Grand Satan. Je ne crois pas les théories de complot voulant que l’Amérique – dont le gouvernement a créé l’ICANN en 1998 – vise à contrôler l’Internet dans son ensemble. Oui je crois que le modèle de gouvernance technique actuellement utilisé pour l’Internet agace, dérange et bouscule. Et je crois que ce ne sont peut-être pas là les moindres de ses qualités.

Il agace les anti-américains primaires, qui ne voient en l’ICANN qu’un refus pour le gouvernement de ce pays de lâcher l’Internet dans la nature. Cela montre une méconnaissance d’un pays qui reconnaît l’aspect mondial de l’Internet bien plus facilement que de nombreuses autres nations pour lesquelles le Web est un dangereux outil de liberté d’expression qu’il convient absolument de reprendre en main.

Il dérange ceux pour qui l’Internet va trop vite et de manière trop anarchique, alors même que le dynamisme de ce modèle colle justement au rythme de ce réseau mondial dont les vitesses de développement et d’évolution sont tout simplement vertigineuses.

Il bouscule les codes de la gouvernance traditionnelle voulant que seules le gratin puisse avoir voix au chapitre. Après tout, quelle hérésie est-ce là que celle qui autorise à tous de pouvoir contribuer aux discussions visant à fixer des règles sur un domaine devenu aussi mondial que l’Internet ? "Ne serions-nous pas mieux entre-nous, soigneusement calfeutrés dans nos grandes salles de réunions inaccessibles aux quidams, à prendre des décisions seuls sans devoir les expliquer à qui que ce soit," se disent les gouvernants opposés au modèle de l’ICANN.

Ce modèle permet justement de leur répondre "non". Pour l’instant il est incarné par l’ICANN. Demain ce sera peut-être autre chose. Peu importe. Ce qui compte, c’est le principe. Celui d’une gouvernance participative permettant à chacun d’avoir le même niveau d’influence sur les débats et les décisions que son voisin, même si ce dernier représente la grande industrie, la recherche, un gouvernement ou encore uniquement lui-même.

Un modèle où chacun peut avoir une voix, mais où personne ne peut avoir une voix plus forte que celle des autres.

Stéphane Van Gelder

Très investi dans les instances de gouvernance de l’Internet, Stéphane VAN GELDER est élu en mai 2008 au Comité Exécutif du collège des registrars de l’ICANN. En octobre de cette même année, il est élu au Conseil du GNSO, l’instance qui, au sein de l’ICANN, est chargée de la politique des extensions génériques telles que les .COM, .NET, .INFO, etc. Il en devient Vice Président en 2009 puis Président en décembre 2010.

Stéphane VAN GELDER a par ailleurs siégé au Conseil d’Administration de l’AFNIC, en tant que représentant des registrars pendant 6 ans, de 2004 à 2010


Un futur antérieur

Skype a été créé en 2003, Facebook est né le 4 Février 2004, Twitter en 2006…  alors que l’internet géré par l’ICANN ne remonte qu’à 1998. L’internet policé et stable plébiscité par des millions d’utilisateurs est un mythe et est en fait très récent. Une archéologie aux strates bien minces comparées à l’évolution de la société et à la mise en œuvre de processus industriels. Internet, c’était hier matin.
 
Dès la fin des années 70, l’internet était déjà bien organisé. L’allocation des extensions – génériques (.com, .net, .org, etc) et pays (.de, .fr, etc.) – étaient attribuées,  le plus souvent gratuitement parfois sur simple demande à l’administrateur, Jon Postel. En 1979 le gouvernement US lança une entreprise – Network Solutions – pour prendre en mains la gestion du registre des noms de domaine. Au début, les tarifs étaient de l’ordre du symbolique bien que basés sur une non-concurrence et une absence de connaissance des coûts réels, c’était une décision politique et non commerciale.
 
La révolution de 1989
 
Autour d’un leader charismatique, Jon Postel, et de la création d’une structure spécifique, l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority), on édicta des règles et on masqua le n°IP par un « nom » facilitant la mémorisation des adresses. Le DNS, né en 83, n’est qu’une table de correspondance entre le n°IP et le « Nom de domaine ». Mais, le protocole resta le même et le n°IP est toujours la seule information fournie par les serveurs. La naissance du Web en 1989 propulsa l’internet dans le grand public, une révolution, et le début de la course aux armements pour avoir son .COM
 
A prestataire unique, marché florissant
 
Dès sa création en 1998 l’ICANN se retrouva dans une position de monopole : un marché fermé, des tarifs imposés, aucune concurrence. Le tout sous l’égide du gouvernement Clinton qui avait bien compris l’intérêt commercial de garder au chaud cette manne appelée à se développer. Dès janvier 98, Jon Postel avait créé l’émoi dans les couloirs du Department of Commerce en faisant la démonstration que le routage des adresses IP de l’internet n’était installé sur une seule machine – la fameuse Racine A – que par la volonté du gouvernement. Pour cela il avait simplement envoyé un email aux gestionnaires des 12 autres serveurs de l’internet en leur demandant de changer le n°IP inscrit dans leur table de correspondance de la machine «A» par celui de sa propre machine (voir graphique). Ce qui fut fait sans discussion, fonctionna très bien… et fit un scandale. Postel parla d’un «test» mais sous la pression fit rapidement marche arrière. Il mourut en octobre de la même année et reste une icône souvent mise en avant pour justifier la création de l’ICANN. Mais le test fut et démontra que garder cette ressource au seul bénéfice d’un Etat n’était pas normal et que la réserver à une seule entité non-concurrentielle – l’ICANN – était abusif.
 
Les pays se rebiffent, l’industrie casque
 
Dès le Sommet de la Société de l’Information (SMSI), Sommet Onusien qui s’est tenu à Genève en 2003, les représentants de nombreux pays ont contesté la mainmise de l’ICANN sur la Racine. Des concessions ont été faites lors du 2è Sommet en 2005 à Tunis mais la non-concurrence de l’ICANN et l’opacité de ses tarifs ont perduré.
Les plus gros consommateurs de noms de domaine sont les Marques. Obligées de se protéger dans un univers où règne la loi du 1er arrivé, 1er servi, les entreprises se retrouvent à la tête de gros portefeuilles de Noms de domaine qui se sont régulés au fil des ans. L’idée d’avoir son .MARQUE était donc une alternative intéressante, jusqu’à la publication des conditions et des tarifs des Nouvelles Extensions par l’ICANN.
 
Concurrence sans concurrents ?
 
Saviez-vous que, par défaut, tous les ordinateurs Windows et Mac sont configurées avec le n°IP de l’ICANN préinstallé dans les paramètres. C’est un choix de constructeur, pas un choix technique. Ces paramètres sont à portée de souris et tout le monde peut rééditer le «test » de Jon Postel, dans son entreprise ou dans son salon.  Il existe un certain nombre de sites internet qui fonctionnent avec un N°IP qui ne passe pas par la racine de l’ICANN. Des sites diffusés dans des milieux volontairement restreints, pour l’instant inconnus de Google, et destinés à des communautés ou des cercles de privilégiés : on dit que la NSA a un réseau masqué dans son propre intranet, le gouvernement Bulgare a enfin son .Бъ que l’ICANN lui refusait depuis des années, la communauté arménienne son .wa – West Armenia – en dépit de l’opposition des Turcs, etc.
 

L’internet n’est donc pas un marché sans concurrents. Et comme c’est un système très imparfait, en constante évolution, l’ouverture de la boîte de pandore que constituent les Nouvelles Extensions ne pourra que favoriser l’éclosion de nouveaux prestataires. L’obstacle n’est que culturel et non technique ou financier, le coût réel – toujours inconnu – de la gestion d’une Racine étant estimé à quelques milliers d’euros par an. Loin des chiffres faramineux demandés par l’ICANN, mais qui vont dans le sens d’un internet à plusieurs vitesses, sélectionnant sur des critères économiques les heureux élus : les Vanity Plates du Net

Chantal Lebrument, Présidente EUROLINC


La multiplicité aux pointus, la simplicité pour Mme Michu

Le débat est éternel. Et il durera probablement tant que durera l’informatique. Il est toujours possible de mieux faire les choses, de les affiner, les améliorer et leur donner une puissance toujours plus grande. Il en est de même pour l’internet.
 
On pourrait le rendre encore plus libre, encore plus optimal avec l’ajout de racines alternatives. Les extensions ne seraient alors plus validées que par des opérateurs alternatifs, disséminés à travers le monde. Et il suffirait de changer ses paramètre de réglage de navigation pour aller sur le .massilia (site des indépendantistes marseillais) ou sur un .tibetlibre. Une multiplicité de possibilité s’ouvre alors, et il devient donc inutile de payer à l’Icann la somme de 185 000 dollars par extension.
 
Le système dns serait alors libéré du joug américain, de l’Icann et de la mainmise des entreprises qui composent une grande partie de ses constitutions.
 
Est ce donc la liberté enfin atteinte ?
 
Je ne le crois pas.
 
Certes, l’Icann possède de grandes marges d’amélioration, mais ce modèle collaboratif entre utilisateurs, entreprises, propriété intellectuelle, gouvernements, à grande échelle est une richesse qu’il ne faut pas gâcher. Un melting pot d’énergies et de cultures. De lobbies et d’inceste parfois aussi. Mais il est largement préférable à toute émanation d’un grand corps malade incapable de prendre une décision, même lorsqu’il s’agit de sauver des vies humaines.
 
A l’instar d’une version beta qu’il faut laisser maturer et se libérer de la mainmise de ses parents, l’Icann évolue, se forme, grandit et s’émancipe. Pensez vous, le CEO parle français désormais. Il doit atteindre un caractère supranational, garder sa capacité d’action mais conserver le balancier du GAC et de sa lenteur diplomatique pour éviter tout emballement, mais permettre des accélérations temporaires pour avancer vers l’inconnu sans entraves et laisser un champ fertile mais cadré à la disposition des innovateurs.
 
De plus, l’unicité de la racine Icann n’est elle pas un compromis de simplicité qui évite la balkanisation de l’internet ? Internet aurait il percé si ce que les internautes voyaient dépendait de leur FAI ? Madame Michu aurait-elle pu adopter une technologie aléatoire, dont le paramétrage doit être re-règlé à chaque voyage ?  Grandes questions. 
 
Mais la principale interrogation qui me travaille, en tant qu’être humain, est la suivante.
 
Je suis un supporter de la liberté d’expression. Mais je peux reconnaitre qu’elle a ses limites, notamment en fonction des cultures, des lieux. Mais à supposer d’un opérateur de racine s’établisse dans un pays peu regardant, n’y a-t-il pas un risque de voir surgir des extensions susceptibles de servir des desseins douteux ? Un .hitler ou un .alqaida par exemple. Un .mafia avec des plugins de blanchiment. Et dans ce cas la, impossible d’agir. La où les processus Icann obligent à un minimum de consensus, la multiplicité des racines verra apparaître des racines moins scrupuleuses. Comme pour les autorités de certification SSL, comme pour les auto-écoles, sans un minimum d’accréditation et de coordination, on prend des risques …
 
Avons nous envie de les faire courir à l’utilisateur ? ou de rester unis et d’améliorer le système actuel ? Avons nous envie de faire grandir une fracture numérique basée sur ceux qui savent régler leur racine et ceux qui ne savent pas ?

Frédéric Guillemaut, Directeur associé du bureau d’enregistrement Mailclub


Il faut que le DNS soit unique (et univoque)

Le DNS est un des rouages les plus merveilleux de l’Internet, une base de données distribuée mondiale, mise à jour automatiquement par les abonnés eux-mêmes et en temps (presque) réel, dont la racine est répartie physiquement sur des centaines de machines de par le monde. Cela marche si bien parce que ce système est unique, et univoque : des centaines de bureaux d’enregistrement coopèrent de par le monde afin que de Macao votre navigateur puisse apprendre le numéro IP de votre banque française.
 
L’unicité du système de noms de domaines est aujourd’hui remise en cause de plusieurs façons. Les autorités chinoises ont interposé entre la racine du DNS et les internautes chinois une racine locale qui rend inaccessibles les sites étrangers, sauf aux personnes autorisées et dûment supervisées. Il ne faut pas négliger les aspects positifs de l’expérience chinoise : elle démontre que le DNS peut fonctionner avec un système de nommage qui repose sur une écriture différente de l’alphabet latin, et que la mise en place d’une racine alternative n’est pas trop difficile. Et aussi, qu’il n’y a aucune raison ontologique de faire allégeance à l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l’organisme qui supervise le DNS mondial, sous le contrôle du gouvernement américain.
 
Justement, l’ICANN, qui entretient la rareté artificielle des noms de domaine, sait profiter de son monopole (artificiel) pour rentabiliser cette rareté : elle vient de clôturer un appel d’offres pour créer 1900 nouveaux domaines du plus haut niveau, facturés 185.000 dollars pièce.
 
Face à ce qu’il faut bien appeler les abus de pouvoir de l’ICANN et à la mainmise américaine sur l’Internet, on peut se poser la question d’une gouvernance différente : sous le contrôle de l’ONU ? par l’UIT (Union internationale des télécommunications, une agence de l’ONU) ?
 
L’UIT est un organisme du passé, complètement extérieur à la vie de l’Internet. Veut-on le retour à la bureaucratie des opérateurs en situation de monopole ?
 
Quant à l’ONU, veut-on vraiment qu’aient voix au chapitre des gouvernements qui souhaiteraient que sur l’Internet il soit interdit de dire du mal des autorités religieuses, ou des gouvernements ?
 
Alors que faire pour vivre libre sur l’Internet ? Faut-il multiplier les racines, comme le suggère Louis Pouzin ? En théorie c’est bel et bon. C’est un peu oublier, me semble-t-il, que le succès extraordinaire à ce jour de l’Internet doit beaucoup à sa simplicité, qui permet à tout un chacun de s’y retrouver sans grande compétence technique. Il faudrait se poser des questions aujourd’hui sans objet : quel est le meilleur DNS disponible en Patagonie ? un accès pair à pair est-il possible depuis votre hôtel au Tadjikistan ? Il faudrait configurer votre smartphone en conséquence. Inutile de dire que si les informaticiens de métier devraient réussir à s’en débrouiller, les personnes qui avaient déjà eu du mal à apprendre l’usage du courrier électronique et du Web passeraient par des moments difficiles ou abandonneraient. Bref, ce merveilleux moyen de communication serait cassé.
 
Valentin Lacambre, architecte de l’Internet français de longue date et participant à la table ronde, a bien résumé le souci de beaucoup : « restons unis ! ». Je m’y rallie.

Laurent Bloch, Directeur du système d’Information, Université de Paris- Dauphine Chercheur, Chaire Castex de Cyberstratégie

 

Evénement Identité Numérique 2012 : réservez votre 25 octobre !

A RESERVER DES A PRESENT DANS VOTRE AGENDA / A NE PAS MANQUER

LE 25 OCTOBRE  TOUTE L’APRES MIDI A PARIS aura lieu l’édition 2012 de l’évènement Forum ATENA sur l’IDENTITE NUMERIQUE .

Après le succès de notre conférence du 4 Novembre 2011 sur « l’ Identité Numérique : Quel écosystème pour demain ? », Forum ATENA organise cette année, une deuxième édition de sa grande conférence annuelle sur  l’identification numérique, sous forme d’un colloque organisé conjointement avec le MEDEF.

  • Quel est le rôle de l’identité numérique dans la modernisation de l’économie ?
  • Quels sont les défis et les opportunités pour les entreprises ?
  • Quels sont les nouveaux environnements en Europe et aux Etats Unis ?
  • Y aura-t-elle une identité numérique d’origine régalienne pour les citoyens français ?

Ce sont quelques unes des nombreuses questions qui seront posés aux spécialistes et acteurs économiques qui interviendront et débattrons dans le cadre de ce colloque (et vous aurez aussi l’opportunité de poser vos propres questions)

Nous vous conseillons de réserver dés à présent cet après midi dans vos agendas

Naturellement nous vous informerons du programme et de l’ouverture des inscriptions dans les meilleurs délais.

Guy de Felcourt, Président de l’Atelier Identité Numérique


AG Forum ATENA : réelections au sein du Conseil d’Administration

L’Assemblée Générale du Forum ATENA s’est déroulée le 13 juin dernier dans le cadre du salon « Online Mobile ». Elle a organisé le renouvellement partiel de son Conseil d’Administration, quatre postes étaient ainsi à pourvoir. Ont été réélu : Francis Bruckmann, Orange Business Services ; Jean-Denis Garo, Aastra ; Philippe Poux, PPX Conseil et Philippe Recouppé, Cogicom.


Trois mesures d’urgence pour les entreprises innovantes

Les associations et groupements professionnels qui soutiennent le présent document ont élaboré en 2011-2012 des propositions ou livres blancs pour améliorer l’innovation en France. En  s’engageant ensemble autour de ce manifeste, ils ont voulu marquer la priorité de leur union et du rassemblement des forces innovantes dans notre pays autour de trois mesures d’urgence qui permettraient d’engager une politique d’envergure en faveur de l’innovation et notamment du développement d’entreprises innovantes :
(1) création d’un statut d’EIC (Entreprise d’Innovation et de Croissance),
(2) création d’un nouveau partenariat de financement et de partage de risque entre l’Etat et les investisseurs privés pour donner un nouvel élan au financement des EIC ,
(3) optimisation du système français de financement de l’innovation dans le cadre de la création annoncée de la Banque Publique d’Investissement.

Au-delà de ces trois mesures d’urgence, les signataires appellent à l’organisation d’un vaste débat national, sous forme par exemple d’assises nationales de l’Innovation, à l’image des assises de la Recherche des années 80, pour établir des bases solides et durables d’un « pacte national pour l’innovation », socle sur lequel il sera possible de fonder une forte politique française d’innovation.

L’innovation pour sortir de la crise :
Le programme et les déclarations des membres du nouveau gouvernement ont mis l’accent sur la nécessité de créer des emplois durables par l’innovation qui est seule à même de développer des activités stables en France. Cette innovation peut venir de grands groupes industriels améliorant leur position compétitive par une innovation incrémentale permanente, voire de programmes comme les biotechnologies ou les technologies vertes qui relèvent d’une volonté stratégique organisée au plus haut niveau.
Mais cette innovation « organisée » ne permet pas d’exploiter complètement les potentialités issues des différentes avancées de la science et de la recherche publique, ni de s’adapter assez rapidement à la demande. Pour cela, il faut une innovation plus décentralisée, réalisée dans le cadre des PME innovantes. C’est pourquoi de nombreux pays comme les Etats-Unis et la Grande Bretagne, s’efforcent de stimuler la création et le développement d’entreprises innovantes par différents dispositifs. Aux Etats-Unis par exemple, le SBA (Small Business Act) des années 50 a organisé les relations PME-administration (1953), puis le financement des PME (SBIC et transparence fiscale en 1959) ; dans les années 80, le Bayhe-Dole Act a été suivi d’un ensemble de lois qui ont permis d’améliorer le transfert des connaissances universitaires vers les entreprises.
Ces dernières années, tous les pays développés ont mis en place une politique de relance de l’innovation avec un réel souci de « forcer le destin ». Les Etats-Unis, toujours, ont adopté dans les 18 derniers mois plusieurs textes fondamentaux : nouvelle législation des brevets, renforcement du SBIR (système d’aide à la recherche), Start-up Act, Jobs Act et qu’ils préparent déjà un « Start-up act-2 ». Ainsi, le Start-up Act défiscalise les plus values de cession de parts dans des entreprises de moins de 50 millions de dollars si elles ont été détenues plus de cinq ans.
En Allemagne, la politique de soutien à l’innovation, très amplifiée ces dernières années, est coordonnée, depuis 2006, par une stratégie nationale appelée « Hautes technologies pour l’Allemagne ». Celle-ci a pour vocation de favoriser la création d’entreprises, de promouvoir les transferts de technologie et de soutenir les PME. Son action s’exerce principalement à travers un puissant réseau de clusters et de « Réseaux de compétence » (Kompetenz-netze), largement soutenu par les Länders.
Il faut donc bien souligner que la création d’entreprises nécessite une double politique d’amorçage puis de soutien à la croissance qui devrait fonder l’ensemble des politiques de développement des TPE & PME innovantes.
Le redressement productif de la France passe par la création de valeur qui irrigue les différents secteurs de l’économie dans des écosystèmes de croissance initiés à travers la politique des Pôles de compétitivité dont émergent les champions de demain. Enfin, en France, le nouveau gouvernement a mis l’idée de justice au centre de sa démarche ; cette volonté s’ajoutant à la nécessité de l’équilibre budgétaire implique une stricte limitation de certains dispositifs fiscaux qui sont aujourd’hui le fondement de mécanismes d’incitation qui permettent de financer l’innovation, comme les lois ISF-PME et le dispositif FCPI.

Mesures d’urgence :
Dans ce cadre général de relance attendue d’une grande politique d’innovation, les signataires soulignent l’importance et l’urgence de concrétiser une démarche visible immédiatement en prenant des mesures qui soient à la fois fondamentales et symboliques :

1 – Concentrer les aides à l’innovation sur les entreprises les plus prometteuses en adoptant un statut d’EIC (Entreprise d’Innovation et de Croissance) :
L’idée centrale est de concentrer les aides à l’innovation sur des entreprises réellement innovantes, c’est-à-dire créant de nouvelles formes de richesses et des emplois durables.
Ces mesures doivent permettre à nos start-up et PME de devenir des ETI, dont l’accroissement important du nombre signifierait le succès du « redressement productif » de notre pays.
Pour y arriver nous proposons de créer un statut regroupant dans une même entité le statut des JEI, des Gazelles et des EIP (Entreprises Innovantes des Pôles voire des « champions des Pôles »). Le statut de JEI enferme l’entreprise dans le carcan des huit ans à partir de sa création. Un obstacle que le statut d’EIC surmonte en faisant tomber le « J » de l’entreprise innovante pour y rajouter le « C » de croissance incarnée par le statut de Gazelle. Ce dernier tombé en désuétude, depuis la généralisation du remboursement anticipé du CIR trouvera ainsi une nouvelle dynamique dans le cadre du statut d’entreprise d’innovation et de croissance (EIC).
Notre approche est ouverte et flexible. Elle permet d’intégrer dans le cadre dynamisant des entreprises innovantes, les reprises ou les reconversions industrielles des entreprises intégratives essentielles au tissu économique français et au maintien de l’emploi. Elle privilégie un système qui encourage une démarche tournée vers l’intégration de processus innovants, qui permet à des entreprises plus anciennes de faire évoluer leur modèle économique et de regagner en compétitivité. Le cas de la société RYB, fabricant de tuyaux d’adduction d’eau de la région de Grenoble, est un exemple parfait de PME intégrative. En intégrant dans ses produits des puces RFID issues de la technologie du CEA Leti, qui permettent leur localisation précise après enfouissement, elle a  créé une nouvelle gamme de produits (Eliot) et améliore ses conditions d’accès sur ses marchés traditionnels.
Ce statut d’EIC mis en avant par le Comité Richelieu et adopté par de nombreuses organisations a été repris par l’OPECST (Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques) dans son dernier rapport sur l’innovation. Outre l’amélioration de l’efficacité du système français d’innovation, cette mesure de simplification administrative permettrait de clarifier l’environnement de l’innovateur et d’apporter une aide durable pendant la longue période de lancement de l’innovation. Elle concerne 20 à 30.000 entreprises.
Enfin, dans un légitime souci de réciprocité, en échange des avantages du statut EIC, les entreprises innovantes s’engagent en faveur d’une charte éthique afin de promouvoir une croissance responsable qui prenne en compte le développement local, la démarche participative et l’implication des salariés dans la bonne marche de l’entreprise et le partage des résultats.

2 – Créer un nouveau partenariat de financement et de partage de risque entre l’Etat et les investisseurs privés pour donner un nouvel élan au financement des EIC :
Il est indispensable pour orienter efficacement l’épargne privée, fondamentale pour le soutien à la création d’emploi et  au développement des EIC, de préserver d’abord et d’améliorer ensuite le dispositif actuel ISF-PME, à  niveau au moins équivalent en taux et plafond  ainsi que le dispositif FCPI, mais  en le concentrant sur les EIC pour éviter les éventuelles dérives.
Pour aller au-delà, développer la création et soutenir l’effort d’innovation dans toute sa durée, il faut élargir le financement privé des EIC. Nous proposons de compléter le dispositif actuel (ISF-PME et FCPI) par un nouveau mécanisme de partenariat de partage de risque entre les investisseurs privés et l’Etat sans accroissement du coût budgétaire. Ce mécanisme repose sur la création d’une avance remboursable d’un montant de 50% des sommes investies en capital ou quasi-capital, dans les Entreprises d’Innovation et de Croissance, jusqu’à la cession des titres et au plus tard après 12 ans. Lors de cette cession, le remboursement de l’avance remboursable se fera en priorité à l’Etat dès qu’une plus-value calculée en valeur actualisée sera constatée. La plus-value éventuelle au-delà de ce remboursement sera soumise uniquement à la CSG- CRDS.
Cette mesure peut apporter un milliard d’euros avec un coût budgétaire quasi-nul dans la durée et de fait ne constitue pas une niche fiscale.

3 – Optimiser le système français de financement de l’innovation dans le cadre de la création annoncée de la Banque Publique d’Investissement.
Il s’agit à la fois d’orienter prioritairement l’activité de ce nouvel organisme vers les EIC et de lui donner des règles qui permettent d’en garantir un fonctionnement économique efficace : partenariat d’information sur le modèle par exemple, des plateformes d’investissement existant dans quelques régions ; règles de co-investissement et définition d’un programme réservé aux EIC, dans le cadre d’une structure dédiée ou d’un système de quota.

Enfin, la France a développé depuis 30 ans le Crédit d’Impôt-Recherche (CIR), un dispositif efficace et reconnu d’aide à l’innovation par toutes les entreprises. Les signataires soulignent le rôle fondamental de ce dispositif qui a largement fait ses preuves et sur la nécessité de développer sa dimension participative par un renforcement des partenariats entre grands groupes, ETI et PME.
Nous proposons également une ouverture plus large du CIR vers l’innovation qui prenne plus en compte la phase de préparation à l’industrialisation des nouveaux produits, ainsi que la protection de la propriété intellectuelle.

Patrice Noailles,
Président de l’Atelier Innovation de Forum ATENA


Canal+ veut un cadre global face à Netflix et BeIn

En fait. Le 5 juin, Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+, est intervenu à l’invitation de la Chaire « Media & Entertainment » de l’Essec sur le thème « A quoi ressemblera le PAF demain ? ». Au même moment, Libération publiait une interview de lui où il s’inquiète de la concurrence « globalisée ».

En clair. « Amazon et Netflix vont arriver sur le marché français d’ici la fin de l’année. La rumeur se fait de plus en plus persistante », s’inquiète déjà Rodolphe Belmer, DG de Canal +. Déjà préoccupé par le lancement des chaînes sportives d’Al- Jazeera, BeIn Sport (l’une depuis le 1er juin et l’autre le 28 juillet), le numéro 1 français de la télévision payante appréhende l’entrée d’« acteurs globaux » dans le PAF (1) : « Netflix va arriver sur le marché de la VOD par abonnement, substituable à la télévision payante. Google développe sur YouTube une vingtaine de chaînes gratuites ; ils nous ont même contactés. Al-Jazeera est un acteur global du sport », a-t-il expliqué. Sans parler de la iTV d’Apple… Face à cette concurrence globale, la filiale de télévision du groupe Vivendi en appelle aux pouvoirs publics : « Il faut un nouveau cadre [réglementaire] global où les différents acteurs aient les mêmes règles du jeu pour être à armes égales. Google, Netflix et Canal+ doivent évoluer selon de mêmes principes de concurrence, de fiscalité et d’obligations [de financement de films français] », a-t-il insisté, tout en rappelant que la chronologie des médias est indispensable au financement du cinéma. Et de prévenir : « Si Netflix veut entrer en SVOD sur la même fenêtre que Canal+ [soit à 36 mois après la sortie en salle, ndlr], il faudra qu’il ait les mêmes obligations que les nôtres ».
Dans l’immédiat, Canal+ attend pour juillet les deux décisions de l’Autorité de la concurrence sur ses rachats : celui de TPS en 2006 et celui de Direct 8 en 2011, lesquels soulèvent des problèmes de position dominante. Le groupe de la chaîne cryptée craint qu’il ait à se séparer de CanalSat. « L’Autorité de la concurrence ne prend pas en compte les acteurs globaux et ne regarde pas au-delà des frontières », déplore Rodolphe Belmer, en expliquant que Canal+ se doit de « financer des contenus de classe mondiale face aux productions américaines que distribuent Netflix et Amazon ». Il a indiqué que là où les Américains investissaient 2,5 millions d’euros pour une heure d’une série ou d’un films en prime time, Canal+ y consacrait au moins 1 million d’euros de l’heure. « Nous rachetons Direct 8 [à Bolloré, ndlr] qui va rediffuser, deux ans après, les productions de Canal+ et trouver ainsi un complément de financement auprès d’une cible CSP+ [très prisée des ânons- ceurs] », a-t-il justifié (2).

Edition Multimédi@  du 11 juin 2012 • n°59
Notes : (1) – Paysage audiovisuel français (PAF). (2) – Canal+ « empile ainsi les financements des œuvres » : 1 million d’euros/heure par Canal+, 100.000 euros/ heure par les chaînes thématiques, 200.000 euros/ heure par Direct 8, et vente à l’export.


Les Assises du Trés Haut Débit avec l’IREST

Pour tous ceux qui s’intéressent au très haut débit, les changements politiques récents auront un impact sur le développement des infrastructures numériques de notre pays.
Les Assises du Très Haut Débit du 9 juillet prochain constituent  une des premières opportunités pour apprécier la situation, avec des interventions de nombreux experts reconnus.

Inscrivez-vous sans tarder  (participation gratuite)

Richard Toper,
Président de l’Atelier Très Haut Débit


Lancement de MemoFin.fr, pour tout savoir sur la Bourse et la Finance

Une enquête du CREDOC 2011 a fait apparaître une insuffisance des connaissances financières des Français : 72% d’entre eux se disent incapables de lire la presse financière et 51% ne savent pas calculer un intérêt, ce qui place la France en bon dernier des pays développés !

Face à ce constat, nous avons lancé il y a quelques semaines le site MemoFin.fr, conçu pour BOOSTER votre savoir en Bourse et en Finance.

Vous y trouverez des informations claires et utiles actualisées quotidiennement.

Patrice Noailles,
Président de MemoPage.com SA


Near Field Communication (NFC)

Le mobile sans contact est en passe de devenir la prochaine grande rupture technologique. Avec elle, notre quotidien va être bouleversé et notre mobile va se muer en objet interactif avec notre environnement. L’année 2011 a donné le départ du sans contact à grande échelle avec la diffusion par Orange de 500 000 mobiles NFC, chiffre qui  atteindra 3 millions d’ici fin 2012.

Near Field Communication (NFC) est une technologie de communication sans fil à courte portée qui permet d’interagir avec l’environnement physique  jusqu’à une distance d’environ quelques cm.  Glissée dans un mobile, la puce NFC permet de gérer les échanges de données entre les applications dans la carte SIM et un terminal de paiement, une borne d’accès aux transports, une étiquette interactive ou avec un autre mobile NFC. Après la voix et l’internet mobile, cette solution ouvre une nouvelle page pour la téléphonie mobile. Aux entreprises, elle offre un mode d’interaction entre le monde physique et le monde digital ouvrant la perspective de nouvelles offres  et d’un nouveau marketing relationnel  avec le client. Pour les particuliers, elle est synonyme de vie quotidienne simplifiée en  leur permettant de charger dans leur carte SIM des moyens de paiement, des titres de transport, des cartes de fidélité, ou encore des billets de spectacle et de les avoir  ainsi toujours avec eux, dans leur téléphone mobile. 

Vers un déploiement massif. Orange construit avec les autres opérateurs une solution ouverte pour accueillir tous les services sans contact et travaille étroitement avec les constructeurs de téléphones pour que les nouveaux modèles soient tous compatibles NFC.Orange a déployé ses premières offres  en France (Nice, Caen et Strasbourg) et au Royaume-Uni. Ces deux pays seront suivis prochainement par l’Espagne et la Pologne.


 

 

Agenda

Jeudi 25 octobre
Organisé par Forum Atena, en partenariar avec le MEDEF
Evénement Identité Numérique 2012
Inscriptions prochainement ouvertes


9 juillet 2012
Maison de la Chimie (Paris 7)
Assises du Trés Haut Débit 2012


24 & 25 octobre
Profitez de ces 2 journées pour présenter à nos spécialistes marchés venus des 4 coins du monde vos projets de développement ou d’implantation et optimiser vos chances de succès à l’international ! chez UBIFRANCE (Paris 14ème)
Rencontres Internationales du Numérique (5ème édition)


 

 

 

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